Victor Ginsburgh
Ce qui suit date d’un article de Haaretz de juillet 2021 (1) à la suite d’un nième bombardement de Gaza en mai 2021. Il est possible que les choses aient changé depuis et surtout depuis que Netanyahou a été déménagé de son siège de premier ministre qui a duré quelque douze années. J’ai moi-même un peu changé d’avis depuis lors, mais trouve que c’est important de savoir ce que les Juifs Américains pensaient, et pourraient repenser.
Voici les résultats bruts d’une enquête menée aux Etats-Unis sur l’électorat juif. Trente-quatre pourcent pensent que « le traitement des Palestiniens est similaire au racisme américain » (2), 25 pour cent acceptent l’idée qu’Israël « est en état d’apartheid », 22 pour cent acceptent l’idée que les Israéliens « commettent un génocide contre les Palestiniens », 38 pour cent disent qu’ils ne sont pas « émotionnellement attachés à Israël », et 9 pour cent acceptent qu’Israël « n’a pas le droit d’exister ». Dur, dur, décidément, je n’oserais jamais dire « oui » à la dernière question.
La solution à deux états séparés est acceptée de façon positive par 61 pour cent des interviewés ; 58 pour cent pensent qu’il serait utile de réduire l’aide américaine, de façon à ce qu’Israël ne puisse plus se permettre d’en utiliser une partie pour aider les colonies juives en Palestine.
On ne peut que se réjouir de ce que les juifs américains pensent, il n’en reste pas moins que la violence des colons en Palestine occupée continue d’augmenter.
Construction d’une nouvelle colonie
Un récent rapport de B’tselem, le centre israélien d’information pour les droits humains, indique que quelque 30 Km carrés viennent d’être volés au Palestiniens. Et ceci n’est qu’un début puisque le leader de l’Amana qui promeut le développement de nouvelles colonies estime qu’il vient de gagner quelque 200 Km carrés (6 fois la superficie des 32 Km carrés de Bruxelles).
Les dommages infligés aux Palestiniens vont de l’abattage des oliviers, aux entraves aux constructions, destruction de maisons et de citernes, coupures de l’alimentation d’eau, déportations, expropriations. Le gouvernement israélien reste impassible.
Pendant ce temps-là, heureusement, un professeur de littérature de Gaza, enseigne la poésie israélienne (3) et une de ses élèves dit que cette poésie a changé quelque chose, « c’est comme si nous avions quelque chose en commun ». Mais elle s’arrête là, écrit le New York Times : « Il y avait une limite de montrer trop d’empathie pour une nation dont les avions ont bombardé Gaza durant onze jours cette année-ci ».
La classe où le professeur fait son
cours de littérature à Gaza
(1). Ron Kampeas, Israel ‘is apartheid state’ a quarter of U.S. Jews say in a new poll, Haaretz, July 13, 2021.
(2) Les phrases mises entre parenthèses sont les questions posées dans l’enquête.
(3) Patrick Kingsley, In Gaza, a contentious Palestinian professor calmy teaches Israeli poetry, The New York Times, November 17, 2021.