mercredi 26 septembre 2018

Bienvenue chez les chtis belges

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Pierre Pestieau

Il y a une dizaine d’années, j’ai vu un film de Jean Becker, La Tête en Friche, qui raconte l’amitié qui lie un illettré cinquantenaire à Marguerite, une nonagénaire cultivée. A la fin du film, Marguerite est forcée de quitter sa maison de retraite, sa famille ne pouvant plus payer sa pension. Elle part vivre en Belgique.

A l’époque, je trouvais étrange qu’une Française soit contrainte d’émigrer en Belgique pour y trouver un accueil à la fois plus confortable et moins onéreux. Je savais que les Français fortunés n’hésitaient pas à traverser la frontière pour y trouver un asile fiscal mais je n’imaginais pas que ce fut le cas pour les personnes âgées.

Une leçon d’économétrie alcoolisée

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Victor Ginsburgh

Vous aurez sans aucun doute remarqué que tous les journaux que vous avez lus il y a deux ou trois semaines ont semé la panique chez ceux qui boivent un peu d’alcool. Comme moi par exemple.

L’article annonciateur de la fin de nos jours a paru dans la célèbre revue médicale The Lancet (1). Vous constaterez que, contrairement à mon habitude, je ne donne pas les noms des auteurs dans la référence de bas de page, parce qu’ils sont au moins 521,5 à s’y être mis pour nous raconter que plus nous buvons, plus nous allons mourir.

L’article long de 37 pages consacre 21 pages à la liste des noms des auteurs et des institutions qui ont participé à l’étude. Pourquoi 521,5 auteurs (2) ? Parce qu’ils ont analysé les résultats obtenus dans 195 pays en se livrant à une méta-étude, genre de truc très à la mode de nos jours. Près de 700 bases de données et 592 études ont été survolées et cet article les résume toutes, en introduisant une grande nouveauté : les touristes et le tourisme, deux mots cités 13 fois, presque plus souvent que le mot « alcohol ». Pas que les touristes boivent ou ne boivent pas, mais dans les études précédentes, ils les avaient été oubliés. Comme si les touristes venaient de la lune et pas d’un autre pays où ils étaient évidemment déjà comptabilisés comme buveurs ou sobres.

Bref.

mardi 18 septembre 2018

Vacances d’été en Israël

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Victor Ginsburgh

En réponse à un Juif qui l’accusait d’être un « Juif qui se hait », Gabriel Piterberg, ex-israélien et ex-enseignant à l’Université de Californie à Los Angeles, aurait répondu « Non, je ne me hais pas mais, par contre, je vous hais ».

Et aussi :

—Dites-nous, Monsieur le Ministre, en un seul mot, comment décrivez-vous la situation en Israël ?
—En un mot, bonne, répond le Ministre.
—Et en deux mots, que diriez-vous, reprend son interlocuteur ?
—En deux mots, pas bonne.  

Et c’est la réponse en deux mots qu’il est nécessaire de décrire, mais que je réserve quelques bonnes nouvelles pour la fin et garde la première des deux histoires que je viens de raconter pour mon usage personnel.
 
Donald Trumpador (du nom d’une nouvelle pommade destinée à faire tenir les cheveux même quand on n’en a plus, voir illustration) vient d’annoncer la fermeture de la mission diplomatique palestinienne à Washington, parce que « les Palestiniens refusent de discuter les efforts de paix avec Israël » (1). Il a coupé les fonds américains à l’United Nations Relief Works Agency for Palestine (UNRWA) parce qu’il ne faut pas entretenir les camps palestiniens plus longtemps, sans quoi les miséreux qui y vivent ne s’en tireront jamais (2). Et il a aussi gelé les fonds américains aux hôpitaux palestiniens installés à Jérusalem Est qui n’existe plus, puisque la ville est maintenant unifiée et placée sous autorité israélienne (3). D’ailleurs, dit Jared Kushner, le bo-fils du Trumpador, « les mesures punitives contre les Palestiniens favoriseront la paix et que l’administration [américaine] change les ‘fausses réalités’ [petit rappel de ce que le bo-papa appelle les ‘fake news’] qui empêchent d’aller de l’avant » (4).

Le Partenariat Public-Privé. Un miroir aux alouettes

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Pierre Pestieau

150 milliards à l’horizon 2030, un partenariat public-privé (PPP), six domaines prioritaires. En quelques mots, voilà le pacte d’investissement que le gouvernement fédéral belge propose pour relancer l’économie belge. Si l’expression « plan Marshall » n’avait pas été utilisée par un autre gouvernent, elle aurait certainement été recyclée pour l’occasion. On ne peut que se réjouir de cette initiative. Le seul bémol est le partenariat avec le privé à raison de 50-50.

Suite à la vague de privatisations qui a commencé avec l’arrivée au pouvoir de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, l’entreprise publique n’a plus eu la cote. Et cela, même là où elle aurait dû d’imposer, c’est à dire là où la notion de services publics paraît centrale. Citons entre autres exemples les transports, les prisons, les hôpitaux. Les gouvernements tant de gauche que de droite lui ont préféré le PPP qui semble avoir le vent en poupe. Le PPP représente la dernière évolution de la nouvelle gestion publique (« new public management »), l’aboutissement de l’idée selon laquelle les pouvoirs publics et les particuliers n’ont pas des intérêts opposés, mais qu’ils peuvent être au contraire partenaires dans la mise en œuvre de projets communs d’intérêt général. Le PPP se caractérise en général par une durée relativement longue de la relation ; un transfert de tout ou partie du financement et des risques sur le partenaire privé; une participation du partenaire privé à la conception, la réalisation et la mise en œuvre du projet; une concentration du partenaire public sur la définition des objectifs à atteindre et sur le contrôle du respect de ces objectifs.

mercredi 12 septembre 2018

Billevesées

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Pierre Pestieau

Dès l’abord, je le confesse, j’écris ce blog sans filet et risque de tomber dans le fameux bullshit cher à Laurent Wauquier et qui retiendrait l’attention de chercheurs de la prestigieuse université de Yale (1). Le Monde qui a un langage policé traduit ce terme somme toute vulgaire par ‘billevesée’.
La question que je me pose depuis de nombreuses année est celle du comment peut-on être de droite. Un peu comme celle de Montesquieu : comment peut-on être Persan ? A mon sens, il existerait trois types de droite, ou plutôt de facteurs qui poussent les gens à être de droite.


Le français : Comment l’écrire?

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Victor Ginsburgh

Le Conseil de la langue française et de la politique linguistique, qui dépend du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), avait en 2015 suggéré de réformer l’accord du participe passé. Et trois ans plus tard, Jean-Marie Klinkenberg, le linguiste belge qui préside ce conseil, « souhaite une réforme parce qu’il est impossible d’expliquer intelligemment le pourquoi de cet accord (1). La langue c’est notre principal instrument pour nous situer dans la société, pour avancer... Il faut que chaque citoyen puisse se sentir chez lui dans sa langue. Tout ce qui l’infantilise et le fragilise on doit le corriger » (2).

Ce sont évidemment ceux qui s’expriment le mieux qui veulent reformer la langue française. A titre d’exemple, voici deux jolies phrases compétentes par iceux—forme ancienne de ceux-là—qui sont responsables de l’enseignement (3) :

mercredi 5 septembre 2018

Lolita, une fable à l’époque des me too

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Victor Ginsburgh

J’ai besoin de vous, lecteurs, pour que vous puissiez m’imaginer, parce que je n’existerais pas si vous n’existiez pas (Vladimir Nabokov, Lolita).

J’ai acheté Lolita de Vladimir Nabokov dans les années 1960, sur les quais de la Seine. A l’époque, le livre avait paru en deux petits volumes dans une collection interdite un peu partout et surtout aux Etats-Unis. J’en vois « par cœur » la couverture verte qui ressemble au vert de la Collection Verte dans laquelle je lisais Jules Verne lorsque j’étais encore plus jeune. Il faut dire que sur les quais, on trouvait aussi et sans problème Histoire d’O, publié chez Pauvert, mais interdit en librairie en France.

J’ai lu « mon » Lolita à un âge (70 ans) où j’étais bien plus vieux que Humbert Humbert (âgé de 36 ou 37ans) qui avait rencontré Dolores dite Lolita alors qu’elle en avait 12.

Mobile mais inégalitaire

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Pierre Pestieau

On lit souvent que la société américaine est fortement inégalitaire mais socialement mobile, entendant par la que chacun et chacune y a sa chance de réussir. En revanche, les sociétés européennes seraient davantage égalitaires mais seraient aussi caractérisées par une forte immobilité sociale. Cette vue a été récemment remise en cause. On a pu remarquer que l’égalité des chances était moins élevée aux Etats Unis qu’en Europe (1). En outre, on a cru déceler une loi qui porte le nom de « courbe de Gatsby le Magnifique » (The Great Gatsby curve), selon laquelle mobilité sociale et égalité des revenus seraient corrélées (2).

Cette nouvelle doxa est pourtant loin d’être établie. Tout récemment, une étude de France Stratégie (3) montrait que la France avait connu une inégalité des revenus décroissante mais que cette évolution avait été accompagnée d’une plus grande immobilité sociale. Comment expliquer cette évolution qui semble contredire la Great Gatsby Curve ? La raison de la réduction de l’inégalité des revenus ne réside pas dans une meilleure répartition des revenus primaires mais dans une politique socio-fiscale redistributive. Cette politique a pour effet de fournir aux ménages défavorisés des services et des revenus qui ont peu d’impact sur leur capacité à sortir de leur condition. Cela peut s’expliquer par le fait que d’un point de vue statique il est plus efficace de redistribuer des revenus que de modifier la manière dont les revenus sont acquis.