mercredi 26 juin 2019

Repenser la gauche. Inégalités, précarité et mobilité sociale. Deuxième partie*.

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Pierre Pestieau

Aujourd’hui on ne parle plus d’ascenseur social, mais plutôt de déclassement (1). Notre société ne réussit plus à surclasser les individus méritants ; elle leur donne au contraire l’impression de les déclasser. Or il semblerait que plus l’impression d’ascension sociale est faible, plus les individus revendiquent une intervention proactive de leurs gouvernements. C’est assez intuitif, on peut se montrer patient devant une situation de statu quo si l’on sait qu’elle est passagère. En revanche si on la perçoit permanente, on perd son calme.

On cite fréquemment cette panne de l’ascenseur social comme facteur expliquant l’insatisfaction grandissante des classes moyennes, le vote populiste et le mouvement des gilets jaunes. Se posent deux questions. Tout d’abord, que peut-on dire de la mobilité sociale ? A-t-elle vraiment diminué et est-elle plus faible chez nous que chez nos voisins ?  Seconde question ? Ce qui importe c’est ce que les gens perçoivent. Peut-on dire que la perception de la mobilité sociale diffère de sa réalité ?

mercredi 19 juin 2019

J’ai peur de mon ADN

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Victor Ginsburgh

A la lecture d’un article du New York Times (1) intitulé ‘Tôt ou tard, l’ADN de votre cousin va résoudre un meurtre’, je me suis dit que j’étais dans de sales draps pour tous mes petits meurtres et, si j’étais prétentieux, pour tous mes enfants et petits enfants abandonnés dans la quarantaine de pays où j’ai voyagé un peu et parfois vécu. Evidemment, comment n’y avais-je pas pensé ?

Voici ce que dit cet article : « L’utilisation d’une technique qui se base sur les résultats d’ADN soumis aux sites généalogiques sur le web, s’est vite répandue parmi les unités d’investigations criminelles qui ont trouvé des réponses à des douzaines de crimes violents, dans certains cas des dizaines d’années après que ces crimes ont été commis. Les experts pensent que la technique peut servir à revisiter un grand nombre de dossiers non résolus ». 

jeudi 13 juin 2019

Migration et justice

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Pierre Pestieau

Le thème de l’immigration est celui à propos duquel la gauche a la fâcheuse habitude de se diviser, mais plus grave, de maintenir un flou qui pourrait donner raison à tous les points de vue allant de l’angélique accueil universel justifié par les inégalités mondiales à des  positions plus restrictives fondées sur la protection de la cohésion politique et sociale des sociétés d’accueil.

Entre l’argument qu’une obligation d’entraide est due à tous universellement, y compris aux étrangers cherchant à immigrer, et le point de vue que les compatriotes ont priorité et que les obligations envers les étrangers sont limitées, on aurait pu penser que John Rawls (1), le philosophe de la justice qui a eu tant d’influence sur les économistes, pencherait pour le premier. Or, même s’il est discret sur le sujet, cela ne semble pas être le cas. Pour Rawls, si un peuple est lui-même responsable, par son incurie, des facteurs qui poussent ses membres à immigrer, cette irresponsabilité ne peut être transférée sur le dos d’autres populations sans leur consentement. Seuls les réfugiés pour cause de guerre, de famine ou de catastrophe naturelle constitueraient un problème de justice pour les éventuels pays d’accueil. Cet argument fondé sur la nation est parfois complété par un impératif d’aide aux pays défavorisés dont sont originaires les migrants potentiels.

mardi 4 juin 2019

Vous êtes tous remballés

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Victor Ginsburgh

Ce 29 mai 2019, le procureur Robert Mueller qui a mené l’enquête sur les agissements de
Trump réfléchit
Trump, déclare dans sa conférence de presse que « si nous avions véritablement cru que le président n’avait pas commis de crime, nous l’aurions dit ». C’est un peu tordu, mais les doubles négations (et affirmations qui contredisent les négations) sont difficiles à comprendre et Trump, homme sans honneur en a évidemment profité (ou n’a pas compris, encore que certains le disent pas idiot) puisque sur Twitter il a déclaré que ces mots ne changent rien
(« nothing changes »), que l’évidence d’un crime est insuffisante et que dès lors, « dans notre [beau et grand] pays l’accusé est innocent » (1). Sa vie est belle. A moins d’être mis en accusation par le sénat (ce qui a peu de chance de se produire), il sera réélu et pourra continuer à s’opposer au reste du monde. Il a certainement d’autres astuces dans les poches. La Présidente de la Chambre, Nancy Pelosi, lui a par ailleurs fait une proposition qui pourrait l’intéresser : « Peut-être le Président Trump aimerait prendre un petit congé sabbatique » (2). Façon polie de lui suggérer qu’il devrait se remballer lui-même.