mercredi 28 mars 2018

Rappelez-vous...

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Victor Ginsburgh

Qu’un peuple joue avec le gouffre
faut-il se taire
quand le peuple d’en face souffre
d’être amputé de sa terre ?
(Charles Dobzynski, Je est un Juif, roman, p. 51)


Vous vous rappellerez sans doute d’Elor Azaria, ce soldat israélien âgé de 20 ans qui, en 2016, a tiré sur un terroriste palestinien blessé gisant au sol et l’a tué. Vous vous rappellerez aussi que presque tout Israël, y compris le Premier Ministre de l’Etat juif et démocratique, se sont levés pour demander que ce soldat ne soit pas condamné, puisque, après tout, il n’avait fait qu’achever un terroriste blessé et à terre (1).

Vous vous rappellerez aussi d’Ahed Tamimi, cette jeune fille palestinienne âgée de 17 ans (2) qui, en 2017, a giflé un soldat israélien debout. Vous vous rappellerez sans doute que presque tout Israël, le même d’ailleurs que celui du cas précédent, y compris son Premier Ministre, s’est levé pour dénoncer la jeune fille et que Naftali Bennett, Ministre de l’Education, a même estimé qu’il fallait la condamner à la prison à vie (3).

Que croyez-vous qu’il arriva ?

L’économie des proverbes: bonheur, santé et travail

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Pierre Pestieau

Les proverbes incarnent une certaine sagesse populaire. Leur pertinence est généralement ambiguë; ils demandent d’être précisés. Cela apparaît nettement quand ils touchent à la vie économique. En voici quelques exemples.

Travailler c’est la santé. Et le chanteur d’ajouter : Ne pas travailler c’est la conserver. Il est incontestable que le travail est indispensable à l’épanouissement de homme. Pas uniquement en tant qu’activité rémunératrice, mais en tant que moyen d’intégration dans un réseau social. On pense à Saint Ex qui écrivait : La grandeur d'un métier est peut-être, avant tout, d'unir des hommes: il n'est qu'un luxe véritable, et c'est celui des relations humaines. De nombreuses études montrent d’ailleurs que l’activité prolongée permet de retarder l’apparition de maladies démentielles.Tout à la fois, le travail peut aussi être une source de problèmes physiques et mentaux, quand il s’accompagne de cadences infernales et de harcèlement de la part des petits chefs. Ce qui veut dire qu’il importe d’avoir une occupation gratifiante, ce qui nous conduit a une autre proverbe : Besogne qui plaît est à moitié faite.

jeudi 22 mars 2018

Les belges

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Pierre Pestieau

« Le Belge n’est pas prêt à lâcher sa voiture de société ».  Ce titre à la une du Soir du 27 février se répète sans arrêt dans la presse écrite et audiovisuelle à ceci près que le sujet change. On peut remplacer « lâcher sa voiture de société » par « se coucher tôt », « prendre sa retraite anticipativement » ou encore « boire moins ou plus ». Plus précisément, on lira que 23% de Belges pratiquent une religion, 15% sont alcooliques ou 11% n’ont pas d’assurance automobile. Peu importe le thème, ce que je trouve irritant dans ces titres est qu’ils véhiculent de la mauvaise information. De deux choses l’une. Par Belge, on veut dire Belge francophone ou éventuellement wallon mais dans ce cas mieux vaut le préciser. Ou par Belge, on traite de l’ensemble du pays mais dans ce cas il faudrait donner les différences entre Flamands, Wallons er Bruxellois. Car ces différences sont importantes et peuvent se répercuter sur le choix de nombreuses options politiques.

mercredi 21 mars 2018

Mafieux et corrompus

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Victor Ginsburgh

Elite bruxelloise en train de s'amuser 
Samusocial, Gial, piétonnier, stade national... : la Ville de Bruxelles clôture une législature très chahutée en matière de gouvernance et marquée par de grands projets chaotiques. Ce qui n'empêche pas PS (socialistes) et MR (libéraux) de songer à poursuivre ensemble.
(Le Vif, 3 mars 2018).


Je signe indûment le titre de ce texte, qui est en réalité un des Discours à la Nation de l’auteur italien Ascanio Celestini (1). Je n’ai pas pu résister, il convient tellement bien à la Belgique (mais aussi à pas mal d’autres pays), parce que comme vous le verrez plus bas, même les couleurs du drapeau belge y figurent. Voici le texte. Les mots entre crochets en remplacent certains autres du texte original, mais n’en modifient aucunement le sens.

jeudi 15 mars 2018

Dix mille ans d’inégalités

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Dix mille ans d’inégalités
Victor Ginsburgh

Un livre fascinant vient de paraître, mais je ne peux pas me le payer, près de 70 euros. J’attends donc que ma pension soit augmentée. Son titre : Dix mille ans d’inégalité, Une archéologie des différences de richesse (1).

Selon la quatrième de couverture, les questions auxquelles cet ouvrage essaie de répondre sont les suivantes : Est-ce que l’inégalité est une caractéristique universelle des sociétés humaines, ou bien les peuples dits « primitifs » vivaient-ils déjà dans l’inégalité ? Comment l’inégalité s’est-elle développée avant l’époque moderne ? Les inégalités se sont-elles développées après la sédentarisation des populations ? Pourquoi de telles inégalités augmentent-elles et de quand datent les inégalités que nous subissons dans les nations développées ? Que peuvent dire à ce sujet les archéologues ?

mercredi 14 mars 2018

Le grand niveleur

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Pierre Pestieau

Niveleur moderne
Alors que Victor illustre dans son article la persistance des inégalités dans le temps et l’espace, je voudrais, dans le mien, discuter des moyens permettant de les résorber. Dans son livre fameux sur le Capital au XXIème siècle Thomas Piketty observe que les inégalités criantes de revenu et de richesse qui gangrenaient nos sociétés au XIX siècle ont été partiellement résorbées grâce (?) aux deux guerres mondiales et à la crise des années 30. Depuis lors, elles ont repris de plus belle. Il est intéressant de voir que cette observation qui porte sur une période somme toute limitée se voit renforcée par une étude qui elle porte sur plusieurs siècles puisqu’elle commence à l’âge de la pierre (1). Il s’agit d’un ouvrage de Walter Scheidel qui enseigne l’Histoire à l’université de Stanford. La thèse qu’il défend avec brio peut se résumer ainsi : Les sociétés humaines sont intrinsèquement inégalitaires et seuls des bouleversements radicaux réussissent à les rendre temporairement plus égalitaires.

dimanche 4 mars 2018

Les nouveaux missionnaires

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Pierre Pestieau

Quand j’étais enfant, nous recevions régulièrement un lointain cousin qui était missionnaire dans ce qu’on appelait alors le Congo Belge, celui de Tintin. C’était un père blanc qui n’avait pas la bonhomie de celui représente par Hergé. Il avait une haute idée de son rôle auprès de ceux qu’il décrivait comme des sauvages païens et incultes, mais heureusement « convertibles ». Mes parents ne pouvaient refuser de lui acheter chaque année un affreux calendrier au nom évocateur de « Grands Lacs » qui sont pourtant très beaux.

Maintenant que je suis « grand », mon regard a changé sur l’action de ces missionnaires. Comme beaucoup, je la perçois comme paternaliste et ne parviens pas à lui reconnaître de grands mérites.

Les calculs fantasques du CEO de Dilibel, distributeur de livres français en Belgique

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Victor Ginsburgh

Dans une interview que M. Moller, CEO de Dilibel a donnée le 23 février à L’Echo (1), il y a beaucoup d’approximations et je reste poli. Dilibel est la société qui augmente de 10 à 15% le prix des livres publiés en France et vendus en Belgique sous le prétexte moyenâgeux qu’il existe des droits de douane et qu’il importe de se protéger des fluctuations des cours de change entre le Franc français et le Franc belge. Ce mécanisme, affublé du joli nom de tabelle, est toujours en vigueur aujourd’hui. Il faut noter que « seulement » 60% des livres français sont distribués par Dilibel (2), les 40 autres pour cent, dont Actes Sud, société fondée par un belge—soyons patriotes, que diable—ne sont pas soumis à la tabelle du Moller de Dilibel (comptez, il y a six ‘l’).

jeudi 1 mars 2018

La Venus de Willendorf est une sculpture pornographique

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Victor Ginsburgh

Il fallait s’y attendre. La campagne des « me too » ou des « he too » a fini par, ou commence seulement à faire interdire la présence de ladite Venus de Willendorf sur Facebook. En cause : image pornographique.

En attendant de se retrouver dans les réserves, elle trône en bonne position et avec grande raison au musée d’histoire naturelle de Vienne. Ou pire elle risque le défenestration ou la simple destruction par les nouveaux iconoclastes religieux ou laïques, machos ou féministes. Regardez-la. Il s’agit d’une statuette de 11 cm de haut qui date d’environ 25.000 ans avant J. C. qui représente probablement une déesse de la fertilité. Les êtres humains du Paléolithique étaient décidément moins bégueules que nous ne le sommes, d’autant plus que le mot bégueule signifie « femme manifestant une pruderie affectée », alors que l’on pense que ces petites statuettes étaient, à l’époque, précisément sculptées par des femmes.