Pierre Pestieau
Aujourd’hui
on ne parle plus d’ascenseur social, mais plutôt de déclassement (1). Notre société
ne réussit plus à surclasser les individus méritants ; elle leur donne au
contraire l’impression de les déclasser. Or il semblerait que plus l’impression
d’ascension sociale est faible, plus les individus revendiquent une
intervention proactive de leurs gouvernements. C’est assez intuitif, on peut se
montrer patient devant une situation de statu quo si l’on sait qu’elle est passagère.
En revanche si on la perçoit permanente, on perd son calme.
On
cite fréquemment cette panne de l’ascenseur social comme facteur expliquant l’insatisfaction
grandissante des classes moyennes, le vote populiste et le mouvement des gilets
jaunes. Se posent deux questions. Tout d’abord, que peut-on dire de la mobilité
sociale ? A-t-elle vraiment diminué et est-elle plus faible chez nous que
chez nos voisins ? Seconde question ?
Ce qui importe c’est ce que les gens perçoivent. Peut-on dire que la perception
de la mobilité sociale diffère de sa réalité ?