Pierre
Pestieau
Avec
les conventions qui se terminent, la campagne présidentielle américaine démarre
vraiment avec son côté OK Corral. C’est le moment où l’on reçoit la liste des économistes
ou des acteurs qui soutiennent l’un ou l’autre candidat. Dans la longue liste
des économistes apportant leur soutien a Romney, rien d’étonnant. Il s’agit des
traditionnels conservateurs souvent affiliés à des institutions ultra-liberales
comme le Hoover Institute ou l’Université George Mason. Parmi les noms
connus : Gary Becker, Jim Buchanan, Martin Feldstein, Robert Barro. Les deux premiers ont eu le
Nobel ; les deux autres l’attendent. C’est plutôt reconfortant. Aucune
mauvaise surprise. J’aurais été déçu de ne pas les y trouver. Idem pour les
acteurs où apparaissent notamment les supermusclés tels que Sylvester Stallone,
Schwartzy, JCVD et quelques autres. La plupart sont à l’affiche du nouveau chef d’œuvre
d’Hollywood : The Expandables 2.
Seule
déception, attendue il est vrai, Clint Eastwood, un vrai Docteur Jeckill et
Mister Hyde. Il reprend ainsi son rôle de justicier solitaire, son personnage
de « Dirty Harry » et
nous fait oublier les nombreux films qui tels Gran Torino ou les Unforgiven
révèlent un artiste complexe et sensible.
Mais ce qui se passe aux Etats-Unis
est beaucoup plus sérieux que ce jeux de people. Comme le démontre David Brooks dans un
éditorial récent du New York Times (1)
jamais l’opposition entre républicains et démocrates n’a été aussi tranchée qu’aujourd’hui. A terme cela risque de
conduire à une paralysie du pouvoir, dont le premier terme d’Obama nous a donné
un avant-goût. Cettte opposition se retrouve surtout dans le domaines des
valeurs. Les républicains d'aujourd'hui croient fermement que les
gens doivent eux-mêmes déterminer leur propre destin. Selon
un sondage du Pew Research Center (2)
que Brooks cite, 57 pour cent des républicains croient que les gens sont
pauvres parce qu'ils ne travaillent pas. Seulement 28 pour cent croient qu’ils
sont pauvres en raison de circonstances indépendantes de leur volonté. Chez les
démocrates, ces pourcentages sont respectivement 24 et 61. Ces mêmes républicains
croient que si le gouvernement cesse de les aider, ces pauvres réussiront,
parce qu’ils ont les qualités innées qui devraient le leur permettre.
L’opposition
entre républicains et démocrates sur un ensemble de valeurs sociétales n’a pas cessé
d’augmenter depuis 8 ans. Elle domine toutes les autres qui pouvaient
exister entre les races, les sexes et les classes de revenu. Les domaines où
elle se manifeste surtout sont le filet de sécurité sociale, l’environnement et
les syndicats, bien plus, par exemple, que l’immigration, la religion ou la
sécurité nationale.
La campagne qui ne fait que commencer risque d’être dure mais ce qui est plus grave c’est qu’à moins d’avoir un congrès et un président démocrates, on doit s’attendre, après le 6 novembre, à la paralysie du système politique, ou à la régression sociale.
(1) A party of strivers, New York Times 30/8/2012 <http://www.nytimes.com/2012/08/31/opinion/party-of-strivers.html?emc=eta1>
(2)
<http://www.people-press.org/2012/06/04/partisan-polarization-surges-in-bush-obama-years/>
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