Accrochez-vous pour bien comprendre les élections du 23 mars 2021 en Israël

Victor Ginsburgh

Les gauchistes israéliens (pour autant que l’on puisse utiliser ces mots en Israël) vont, semble-t-il, voter pour l’extrême droite (un certain Gideon Sa’ar, ou encore Naftali Bennett) dans le but d’éliminer (enfin) Netanyahu comme premier ministre. Quelle intelligence quand même, mais nous verrons ce qui se passera après les élections. Il y a très longtemps, la droite votait pour la gauche, mais cela a fini par rater, il n’y a plus que la droite qui est victorieuse depuis un bon bout de temps : Netanyahou est élu et réélu depuis 2009 et les israéliens vont voter pour la quatrième fois, en deux ans ; Netanyahu gagne chaque fois, en faisant des coalitions extravagantes, et le gouvernement tombe tous les six mois.

Pour simplifier, il semble qu’une petite majorité d’Israéliens favorisent la solution de deux états : Israël et Palestine. Cela n’a pas l’air d’être le cas, mais suivez-moi. La droite fait à peu près 60 pourcent de la société israélienne, 20 pour cent au centre et, quand même, 20 pourcent à gauche, dont la moitié sont des israéliens arabes, ou des arabes israéliens si vous préférez. Ce n’est pas, vraiment, un régime d’extrême droite, ou comme on dit maintenant, suprémaciste ; ce qui n’empêche pas B’Tselem (centre d’information israélien pour les droits humains dans les territoires occupés) de proclamer il y a deux mois, tristement mais avec raison, qu’Israël est un état d’apartheid et ne montre aucun intérêt pour l’équité entre arabes et juifs.

Pour simplifier encore un peu, les jeunes sont plus à droite que leurs aînés, et ce depuis 1950. Ils auraient, en fait, une esprit romantique, militariste et nationaliste. Que c’est beau…

Lors de la dernière élection, la gauche israélienne et les sionistes libéraux ont accepté de ne pas voter pour la gauche, mais bien pour un général, une fois de plus, Benny Ganz, qui est loin d’être aussi rusé que Netanyahu, favorable aux colonies, et qui a fini par faire alliance avec qui, pensez-vous ? Netanyahu bien évidemment. La coalition n’a, forcément, pas duré très longtemps et une nouvelle élection aura lieu ce 23 mars.

Et cela recommence, puisque pour le moment, la gauche est prête à voter pour un certain Yair Lapid, qui est en faveur des colonies de peuplement en Palestine occupée—mais pas de leur annexion— et de l’unification de Jérusalem dont les arabes possèdent encore une petite fraction.

En attendant, la gauche décline : 26 pourcent en 2003, 17 pourcent en 2020 dont la moitié sont des arabes, que ni les centristes, ni la gauche ne veulent voir dans le gouvernement.

Les prévisions pour l’élection à venir sont que le Parlement (Knesset) comptera 40 sièges raisonnablement à gauche et 80 à droite. Belle victoire pour la gauche, une fois encore, mais il faut aujourd’hui, disent-ils, des élus de droite qui ne veulent pas de Netanyahu.

Ce qui simplifie les choses comme vous l’aurez sûrement compris. En peu de mots, si vous voulez être à gauche, votez pour la droite.

(1). Ce blog s’inspire (profondément) d’un article de Philip Weiss, Israeli Jewish leftists will vote for far right Sa’ar to oust Netanyahu, Mondoweiss, February 17, 2021.