Pierre
Pestieau
Depuis
plusieurs années et, en particulier depuis le début de la crise, les discours
sur les remèdes à y apporter sont d’une affligeante banalité. On assiste à un
jeu de rôles stérile. Trois camps s’opposent même si certaines alliances se
font, tout en étant passagères. Il y a d’abord les partisans de l’anti (ou
alter) mondialisation qui voudraient un retour aux frontières de leurs grands
parents et aux politiques nationales de protection ; en clair, un rejet de
l’Europe et de l’euro. Il y a ensuite ceux qui pensent que l’avenir est dans
une Union européenne renforcée
avec des accords et des institutions qui permettent d’éviter les comportements
individualistes et désordonnés que l’on observe aujourd’hui. Il y a enfin ceux
qui voient dans le marché la source de tous les maux et voudraient le réguler
beaucoup plus que ne le font les Etats européens.
Le (seul)
avantage de ces positions tranchées est qu’elles donnent lieu à des joutes
oratoires qui font le bonheur des organisateurs de débats. Dans des émissions
télévisées comme Mise au point, C’est en
l’air ou Ce soir ou jamais, on
retrouve souvent les mêmes avocats de ces trois camps. L’inconvénient est que
chacune des positions défendues est sans issue pour des raisons différentes.
Le retour
au protectionnisme n’est pas viable surtout s’il est pratiqué à l’échelon de la
nation. On pourrait certes défendre un certain protectionnisme au niveau de l’Union
Européenne pour répondre à celui que pratiquent les autres blocs, les Etats
Unis ou les BRICs (Brésil, Russie, Inde, Chine).
L’idée
d’une coopération européenne qui dépasserait les égoïsmes nationaux est
utopique. Certains économistes pensent qu’en ces temps de crise, il faudrait
faire une pause dans l’austérité et procéder à une relance de la demande coordonnée
par l’Europe. Cette solution ne me paraît pas réaliste. Nous vivons plus que
jamais dans un monde ou les intérêts nationaux transcendent les idéaux
européens des pères fondateurs.
Enfin, il
y a le rejet du marché. Il ne fait pas de doute que le marché tout-puissant conduit
à des dérives, dont les plus immédiates sont les crises financières et
budgétaires dont nous souffrons. Il faudrait le réguler mais qui peut le
faire? Le régulateur naturel, l’Etat, est devenu progressivement
impuissant ; il a perdu de sa crédibilité pour des raisons diverses. Il y
a ceux que cela arrange. Il y a les défenseurs traditionnels d’un Etat
régulateur, mais ils sont divisés sur la marche à suivre. Il y a enfin cette
Europe qui en limite les marges de manœuvre.
Pour
conclure ce billet qui ne respire pas l’optimisme, on ne peut s’empêcher de
songer à la montée de l’extrême droite et surtout à la banalisation de ses
idées dans l’opinion.
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