Victor Ginsburgh
Il y a un peu plus d’un an, Mark
Carney, Gouverneur de la Banque d’Angleterre et Président du Financial
Stability Board du G20, a fait une conférence au Lloyd’s de Londres sur le
risque à court et à long terme que le réchauffement climatique fait courir aux
assureurs (1). C’est dire que, hormis Donald Trump, les experts du climat ne
sont pas les seuls à s’inquiéter.
La plus importante société de
réassurance Munich Re, qui possède la meilleure base de données sur les
catastrophes naturelles et leur coût en termes d’assurances, estime que celui-ci
est passé de $10 milliards par an durant les années 1980 à 50 milliards par an durant
les dix dernières années.
Ceci n’est rien dit Mark Carney par rapport
à ce qui pourrait se passer. S’appuyant sur une étude de l’Agence
Internationale de l’Energie, il constate qu’au maximum un petit tiers des
réserves actuelles de gaz, pétrole et charbon pourront être brûlées sans faire
augmenter la température de plus de 2 degrés, le chiffre au-delà duquel il se
produirait une catastrophe. Ceci signifie que les deux tiers des réserves
resteront dans le sol, si aucune solution technologique ne permet de
« capturer » le gaz carbonique sans qu’il ne passe dans l’atmosphère.
Etant donné qu’en valeur quelque 30% en valeur des sociétés du FTSE 100 (indice
boursier des 100 plus importantes sociétés cotées à la Bourse de Londres) sont
engagées dans des activités d’extraction d’énergie fossile, de production
d’électricité, de chimie, de construction et de biens industriels, ce non usage
devra à un moment ou un autre causer une perte de leur valeur de l’ordre de $100.000
milliards (2), un montant cinq fois plus important que l’explosion de la bulle
immobilière de 2008 aux Etats-Unis. Si nous nous rappelons que les effets de
cette dernière se font encore ressentir 9 ans après, cela devrait créer une
récession de plusieurs dizaines d’années.
Si Trump est vraiment convaincu que le
réchauffement climatique est une blague faite par les Chinois pour rendre
l’industrie américaine non compétitive (3), et si Rick Perry, secrétaire à
l’énergie maintient qu’il veut supprimer le ministère de l’énergie (dont il ne
se rappelait même plus le nom il y a un an), ils devront quand même en discuter
avec le futur Secrétaire d’Etat Rex Tillerson, l’ex-boss d’Exxon, qui risque de
perdre ses culottes s’il ne vend pas à temps ses actions. Mais étant donné qu’il
est obligé de le faire avant de devenir Secrétaire d’Etat de l’Empire de Trump,
c’est-à-dire dans les prochains jours, il s’en fout lui aussi.
Il est donc grand temps de se garer ou
de disparaître avec nos enfants et petits-enfants avant l’explosion de la bulle
financière d’origine climatique et de la bulle climatique elle-même.
Et peut-être n’aurons-nous plus même besoin
de discuter de l’allocation universelle, ce leurre dont parle Pierre Pestieau
dans l’article qui suit le mien.
[Ce texte a également paru dans L'Echo du 19 janvier 2017].
[Ce texte a également paru dans L'Echo du 19 janvier 2017].
(1)
Mark Carney,
Breaking the tragedy of the horizon-climate change and financial stability,
September 29, 2015
(2)
Mark Hertsgaard,
Trumps climate change denial could cost up to $100 trillion, The Daily Beast, October 10, 2017.
(3)
Donald Trump
tweet, The concept of global warming was created by and for the Chinese in
order to make U.S. manufacturing non-competitive, November 6, 2012 https://twitter.com/realdonaldtrump/status/265895292191248385?lang=en
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