On peut citer quatre conséquences majeures du changement climatique (1). D’abord les phénomènes climatiques extrêmes comme des tempêtes, sécheresses,
des précipitations abondantes... arrivent de plus en plus fréquemment. Ensuite, les saisons sont devenues instables, ce qui a, entre autres, des effets sur l'agriculture et sur la flore et la
faune. En outre, le niveau des mers monte ce qui constitue
une menace pour des millions de personnes vivant à proximité des côtes. Enfin,
il y a la fonte des glaciers qui devrait mettre en danger l'approvisionnement en eau
de nombreuses personnes.
Quant aux causes, selon le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur
l’Evolution du Climat sous l’égide de l’ONU), le lien entre le
dérèglement climatique et l’exploitation des énergies fossiles est
extrêmement probable, c’est-à-dire avéré à 95%. La quasi unanimité des
scientifiques qui travaillent sur le changement climatique estiment que la
Terre se réchauffe en raison des activités humaines. Malgré cela, les
gouvernements ne bougent pas et s’ils le font, c’est trop lentement que pour
être significatif. Bien sur, les groupes pétroliers minimisent les études sur
le dérèglement climatique et financent les lobbys industriels, qui eux-mêmes
agissent sur les medias et les chercheurs.
En dépit du consensus de la communauté scientifiques, on trouve ici comme
ailleurs des négationnistes. On ne peut s’empêcher d’établir une analogie entre
le changement climatique et la cigarette. Pendant plusieurs décennies, alors
que l’on connaissait la nocivité du tabac, des lobbies puissants et des
scientifiques vendus ont continué de la nier. Pour poursuivre l’analogie, le
fumeur qui sort de chez son radiologue qui lui révèle des taches noires sur les
poumons, plus grandes que lors de la précedente consultation, peut très bien ne
pas en tenir compte tant il est accroc à la cigarette. Notre société est dans
cette situation. Elle connaît les risques mais les habitudes sont plus fortes.
N’aurions nous pas atteint un point-du non retour ? C’est la question
angoissante que l’on peut legitimement se poser.
Le respect de l’environnement se manifeste de differents manières qui
dépassent la seule question du changement climatique. Il inclut les économies
d’énergie que ce soit de chauffage ou de transport, une conception plus
rationnelle de l’habitat, une diminution de la consommation de viande, une
agriculture moins consommatrice d’engrais chimiques et de pesticides. Ces
differents aspects d’un comportement proprement écologique sont complémentaires
et non exclusifs, comme c’est trop souvent le cas. Beaucoup de végétariens et a
fortiori de véganes, pour prendre un exemple, n’ont guère d’intérêt pour les
autres dimensions d’un environnement sain. Un adversaire acharné de
l’utilisation du roundup peut sans problème rouler en quatre-quatre.
Une des difficultés que la gauche a longtemps éprouvée est de penser qu’il
existe un arbitrage entre l’emploi et l’environnement et de choisir l’emploi au nom d’un certain court-termisme.
On trouve un arbitrage de la même nature entre emploi et équilibre budgétaire.
Il est maintenant admis que cette vision d’une opposition entre polique
environnemenetale et politique de plein emploi n’est correcte que dans
l’extrême court-terme. Dès lors que l’on adopte une perspective plus
longue , on se rend compte que les investissements pour la protection de
l’environnement peuvent générer de nombreux emplois.
Toute
politique environementale se heurte aux contraintes citées ci-dessus (2) à
savoir le NIMBY et le divorce entre l’espace politique et l’espace financier.
En fait ces deux contraintes sont liées. Les individus comme les nations jouent
au passager clandestin. On est pour l’environnement mais on compte sur le
voisin pour en assumer la responsabilité. Toutes les nations réalisent qu’elles
sont soumises aux mêmes problèmes et qu’en agissant de concert elles pourraient
les résoudre. La difficulté est d’arriver à un accord comme le montrent les
échecs successifs des COB (Conférence des
parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques). Cet accord est difficile parce qu’il demande l’unanimité et un
jeu de compensations équitables. Il suffit de quelques mauvais coucheurs pour
qu’il capote. En outre même si l’accord se fait au bénéfice de tous, il demande
que les perdants soient compensés par les gagnants, ce qui n’est pas toujours
aisé.
Comment doit réagir une gauche responsable, qui sait qu’elle n’a
d’influence directe que sur la gouvernance de son pays ? Elle doit en premier lieu éviter
l’injonction « y’a qu’a ». Y’a qu’à s’accorder avec les autres pays
pour arriver à un accord « gagnant gagnant » . C’est précisément
ce que les COP ont vainenent essayé de faire. Il ne faut pas y renoncer mais
dans l’immédiat il faut trouver autre chose. Il existe de nombreux domaines où
il est possible d’agir au seul échelon national : les moyens de transport, le
chauffage des habitations, la structure de l’habitat, l’alimentation, la
pollution industrielle, les pratiques agricoles en matière d’arrosage, de
pesticides et d’engrais. Ce qui importe pour chacun de ces sujets est de voir
l’impact que chaque mesure aura sur le budget de l’Etat, la distributions des
revenus et l’emploi. Mais attendre l’émergence d’un accord international pour
agir serait irresponsable.
Concrètement, je verrais trois axes d’actions possibles au niveau national. D’abord, la rénovation thermique des bâtiments. Deuxièmement, la «
mobilité verte. » qui implique une
hausse de la fiscalité sur les carburants fossiles et l’aménagement du
territoire qu’il faut revoir. Il faut en finir avec la banlieue pavillonnaire
sur le modèle californien, avec ses centres commerciaux accessibles uniquement
en voiture – tout cela est condamné à terme. Enfin, une politique de
verdissement des processus de production industriels et agricoles (3).
(1) http://www.climatechallenge.be/fr/des-infos-en-mots-et-en-images/quelles-en-sont-les-consequences/deregulations-des-oceans.aspx
(2) Voir Blog
précédent.
(3) Reprenant
ainsi les trois chantiers de Gaël Giraud :
http://blogdenico.fr/entretien-avec-gael-giraud-33-la-transition-ecologique-et-son-financement/
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