Pierre Pestieau
Récemment, à l’occasion d’un jeu
télévisé très populaire (1), l’animateur a annoncé que le premier prix attribué
au gagnant serait un voyage pour deux en Thaïlande dans un hôtel de luxe. Un téléspectateur
tiré au hasard devait recevoir le même prix pour lui et une personne de son
choix, selon la formule consacrée. Comme il se veut écologiste, l’animateur mentionna
à plusieurs reprises que les organisateurs du jeu compenseraient l’empreinte écologique
qui résulte de ces quatre voyages. Je me suis demandé ce que voulait dire
« compenser » dans ce domaine. Cela me rappelle une anecdote vieille
de plusieurs décennies. Une de mes amies qui raffolait de chocolat me disait
que pour chaque barre mangée elle devait gravir des dizaines de marches
d’escalier (je ne me souviens pas du nombre exact). Inutile de dire qu’il lui arrivait
rarement d’effacer son péché mignon par cet exercice.
Pour revenir au jeu télévisé,
l’animateur a donné très peu d’explications : il compenserait
l'empreinte carbone causée par
un effort financier « pour replanter des arbres et pour aider les populations". Avant de conclure : "Voyager oui, mais voyager intelligent ».
Il est
dorénavant facile pour celui qui voyage beaucoup d’expliquer à ses amis écolos
qu’il compte effacer sa dette carbone en finançant telle ou telle ONG. Du jour
au lendemain, les usagers de Ryan Air et autres compagnies low cost
pourront se donner bonne conscience en voyageant avec un t-shirt sur lequel
serait écrit en vert : Je compense. Le résultat est évident.
De deux choses l’une : la compensation est observable et correspond à
l’empreinte carbone et la clientèle de ces compagnies fondra comme neige au
soleil, plus rapidement que les glaciers et la banquise ne le font. Ou bien,
elle n’est pas observable et dans ce cas, seuls quelques voyageurs la
verseront.
La morale
de l’histoire est que la réduction des émissions de gaz carboniques ne peut se
faire par l’initiative privée. En la matière, on ne peut échapper à une intervention de l’État au travers d’une
taxe carbone, avec les aménagements dont il a été question dans un blog précédent
(2).
(1). Il s’agit de
« N’oubliez pas les paroles » sur France 2 et l’animateur s’appelle Nagy.
(2). Jeudi 5 septembre
« Ah si c’était si simple ! ».
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