Pierre Pestieau
Pourquoi
d’Amérique ? Nous avons aussi nos bobos, mais ils sont sans doute moins
caricaturaux et naïfs que ceux d’outre-Atlantique. On les reconnaît à plusieurs
traits. D’abord, ils habitent les grandes villes de l’Est et de l’Ouest. Ils
sont ouvertement contre Trump, même si depuis son élection, leur situation économique
n’a jamais été aussi florissante.
Peu
importe le numéro, ils sont pour les COP (conférence internationale sur le climat) (1) ; ils adorent le bio et
se disent soucieux de l’environnement. Ils trient leurs déchets avec un soin
pharmaceutique. S’ils le peuvent, ils font placer des panneaux solaires sur
leur toit et achètent des voitures électriques de la dernière génération, en vous
expliquant qu’ils font coup double : une subvention de l’État et une bonne
conscience climatique.
Bien sûr
ils voyagent beaucoup et loin. Ils ont vu de nombreux pays et côtoient la
misère du monde, mais à une certaine distance maintenue par le Club Med et tutti quanti. Beaucoup ont vu des
bonobos dont ils ne se distinguent que par un misérable no et par le
fait que cette espèce de chimpanzés, elle, est en voie d’extinction. Qu’à cela
ne tienne, ils effacent leur ardoise carbone en finançant des ONG qui
s’occupent des victimes du changement climatique.
Dès
qu’ils bougent pour vivre en banlieue, car c’est mieux pour les enfants, ils se
font creuser une piscine qu’ils chauffent pour en prolonger l’usage. Ça ne leur
coûte rien, puisqu’ils recourent à une pompe à chaleur, tellement plus efficace
que les méthodes traditionnelles.
Leurs grands
ennemis ? Ce sont les obèses et les fumeurs, qu’ils traitent comme on
traitait les lépreux au Moyen Age. Inutile de dire qu’ils ne fument pas, ne tolèrent
pas que l’on fume à moins de 50 mètres de chez eux. Ils ont remplacé la fréquentation
des églises par celle des salles de sport.
Culturellement
et financièrement ils sont à mille lieues des petits blancs qui votent pour
Trump ou des petits noirs qui vivent encore dans la discrimination et la précarité.
C’est
pourtant eux qui constituent ou conseillent la nomenklatura qui dirige le pays. On ne s’étonnera pas du coup de la
fracture sociale et politique qui divise aujourd’hui le pays.
Que
l’on me comprenne bien, je ne veux pas faire la leçon. Très souvent je me
trouve de nombreux points communs avec ces bobos.
Et
c’est ça mon drame.
(1). La plus célèbre est celle de Paris, la COP 21.
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