mardi 3 décembre 2019

Les bobos d’Amérique

Pierre Pestieau

Pourquoi d’Amérique ? Nous avons aussi nos bobos, mais ils sont sans doute moins caricaturaux et naïfs que ceux d’outre-Atlantique. On les reconnaît à plusieurs traits. D’abord, ils habitent les grandes villes de l’Est et de l’Ouest. Ils sont ouvertement contre Trump, même si depuis son élection, leur situation économique n’a jamais été aussi florissante.

Peu importe le numéro, ils sont pour les COP (conférence internationale sur le climat) (1) ; ils adorent le bio et se disent soucieux de l’environnement. Ils trient leurs déchets avec un soin pharmaceutique. S’ils le peuvent, ils font placer des panneaux solaires sur leur toit et achètent des voitures électriques de la dernière génération, en vous expliquant qu’ils font coup double : une subvention de l’État et une bonne conscience climatique.


Bien sûr ils voyagent beaucoup et loin. Ils ont vu de nombreux pays et côtoient la misère du monde, mais à une certaine distance maintenue par le Club Med et tutti quanti. Beaucoup ont vu des bonobos dont ils ne se distinguent que par un misérable no et par le fait que cette espèce de chimpanzés, elle, est en voie d’extinction. Qu’à cela ne tienne, ils effacent leur ardoise carbone en finançant des ONG qui s’occupent des victimes du changement climatique.

Dès qu’ils bougent pour vivre en banlieue, car c’est mieux pour les enfants, ils se font creuser une piscine qu’ils chauffent pour en prolonger l’usage. Ça ne leur coûte rien, puisqu’ils recourent à une pompe à chaleur, tellement plus efficace que les méthodes traditionnelles.

Leurs grands ennemis ? Ce sont les obèses et les fumeurs, qu’ils traitent comme on traitait les lépreux au Moyen Age. Inutile de dire qu’ils ne fument pas, ne tolèrent pas que l’on fume à moins de 50 mètres de chez eux. Ils ont remplacé la fréquentation des églises par celle des salles de sport.

Culturellement et financièrement ils sont à mille lieues des petits blancs qui votent pour Trump ou des petits noirs qui vivent encore dans la discrimination et la précarité.

C’est pourtant eux qui constituent ou conseillent la nomenklatura qui dirige le pays. On ne s’étonnera pas du coup de la fracture sociale et politique qui divise aujourd’hui le pays.

Que l’on me comprenne bien, je ne veux pas faire la leçon. Très souvent je me trouve de nombreux points communs avec ces bobos.

Et c’est ça mon drame.


(1). La plus célèbre est celle de Paris, la COP 21.


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