Pierre Pestieau
Il y a quelques semaines, j’ai publié un livre intitulé : Vivre heureux longtemps (1). La perte récente de deux êtres chers m’a fait comprendre que j’aurais dû y ajouter un chapitre sur la fin de vie ou, plus précisément, sur la possibilité d’assurer dignement sa sortie. Les enquêtes le montrent. A 70 ans, la majorité des gens se déclarent heureux. Ils ne se sont jamais sentis aussi heureux. Ce qui pose problème est la fin de vie. Comme le graphique ci-dessous le montre éloquemment, après un sommet de bonheur vient la chute qui peut être plus ou moins longue et plus ou moins douloureuse.
Nos sociétés ne semblent pas avoir trouvé la recette qui assure à tout un chacun une fin de vie digne. Témoins les cas de maltraitances tant institutionnelles que familiales qui se multiplient avec le vieillissement. Témoins aussi les nombreux cas d’acharnement thérapeutique que très souvent la personne âgée subit et ne choisit pas. De nombreuses personnes âgées ont une fin de vie sans doute plus indigne que cette vieille femme que le fils ainé abandonnait au sommet du Narayama (2) dans une vieille légende japonaise. Quand on voit la manière dont les seniors ont été traités pendant la pandémie, on se demande où sont les valeurs que l’on invoque si facilement pour condamner ces pratiques traditionnelles.
La famille joue aussi un rôle prépondérant. Elle peut apporter un réconfort bien nécessaire en ces moments difficiles. Tout le monde ne peut pas compter sur une famille aimante. Certains se trouvent terriblement isolés en fin de vie.
Mais, il faut cependant être réaliste. Même si l’État réussissait la gageure d’améliorer la qualité des soins donnés aux personnes fragiles grâce à un personnel aidant plus qualifié, mieux payé et plus nombreux, même si l’euthanasie était rendue moins rébarbative, même si l’on est entouré d’une famille affectueuse, on ne pourra pas toujours éviter ces situations où quelqu’un a pu avoir une vie belle et longue, qui se termine par une triste fin.
(1). Pierre Pestieau et Xavier Flawinne, Vivre heureux longtemps, Paris : PUF, 2022.
(2). Voir mon blog du 27 janvier 2022 : Narayama, un vaisseau spatial.
(2). Voir mon blog du 27 janvier 2022 : Narayama, un vaisseau spatial.
Il y a une perche tendue avec la publication racoleuse d'Elsa Walter. À vous je peux le dire !
RépondreSupprimer😅
Il serait vraiment très intéressant d'avoir une représentation de la courbe du bonheur à différentes époques.
RépondreSupprimerSon profil après 55 ans semble une conséquence directe de l'existence des systèmes de retraite, y compris des pré-retraites.