Victor Ginsburgh
Intérieur dans un Musée de Gaza |
Ce musée d’art semble survivre, comme survivent les quelques palestiniens qui le visitent encore. Sur un grand mur, plus de cent artistes gazaouis ont exposé leurs œuvres tristes aux visiteurs tout aussi tristes. Au sol, de vrais débris, ou peut-être une œuvre qui représente des débris autour desquels les « visiteurs » peuvent se promener, comme si la ville détruite n’y ressemblait pas.
Sur le mur bleu qui fait penser au ciel et à la mer de Gaza, des tableaux qui évoquent la vie, mais aussi la mort. On y voit des cactus, des instruments de musique, des chats, des vaches, et même une femme-chat, un personnage de fiction de l’univers Batman. Tout cela pendant qu’un drone israélien “vole” au-dessus des œuvres et de leurs visiteurs, pour être sûr que ces derniers soient bien surveillés, voire éliminés (1).
Le 15 mars dernier, j’ai essayé de voir plus que ce qui figure sur la photographie de l’intérieur du musée. Inutile de dire que je n’ai pas pu y avoir accès. Il n’y a pas que des gazaouis qui meurent, mais aussi leurs œuvres et sans aucun doute les murs de leur musée.
Un des musées de Gaza |
Et voici un autre type de destruction. Cette fois-ci il s’agit du plus grand hôpital de Gaza (Al-Shifa). Un peu plus compliqué, puisque les pauvres soldats israéliens ont été obligés d’y mettre deux semaines…
Ce qui reste après deux semaines du plus grand hôpital de Gaza |
Par ailleurs, si l’on peut dire, “le chef du renseignement militaire israélien a déclaré que des jours complexes les attendent et qu’il n'est pas certain que le pire soit derrière eux dans la guerre, sans préciser s'il parlait de Gaza ou de la frontière israélo-libanaise” (2). Pauvre Netanyahou qui doit penser à tout… Heureusement il y a pensé. Voici comme toujours, dans la soie :
"Les étages du service de chirurgie ont été laissés ouverts au vent, les murs ont été soufflés et l'équipement enseveli sous des monticules de débris. Le pont reliant les deux bâtiments n'est plus là, et l'esplanade qui les séparait - autrefois une allée circulaire s'enroulant autour d'un belvédère - a été transformée par des véhicules blindés israéliens en un terrain vague d'arbres déracinés, de voitures renversées et d'une ambulance à moitié écrasée" (3).
La Ville Détruite me fait penser à l’œuvre que l’artiste franco-russe Ossip Zadkine (1890-1967) avait consacré à la ville de Rotterdam dont le centre médiéval avait été détruit par le bombardement allemand du 14 mai 1940.
La Ville Détruite |
Où est l’artiste (juif, comme Zadkine) qui aura le courage d’en faire de même quand Gaza n’existera plus?
(1). Simon Pierre, Mosquées, églises, musées... Le patrimoine culturel de Gaza ravagé par le conflit israélo-palestinien, 29 décembre 2023 et Caitlin Procter, Israel is systematically destroying Gaza’s cultural heritage, March 3, 2024.
(2). Emanuel Fabian, Le chef des renseignements aux soldats : Israël est confronté à ‘des jours complexes’, il n’est pas certain que le pire soit derrière nous, The Times of Israel, 4 avril 2024.
(3). Patrick Kinglsey, Israeli army withdraws from major Gaza hospital, leaving behind a wasteland, The New York Times, April 2, 2024.
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