jeudi 27 juin 2024
La Révélation Divine du Vatican (suite)
jeudi 20 juin 2024
La Révélation Divine du Vatican
Victor et Pierre
jeudi 13 juin 2024
Le coût des maladies mentales
Pierre Pestieau
Les médias nous alertent régulièrement sur la préoccupante situation de la santé mentale dans nos pays. Un récent rapport de Sciensano (1) révèle qu’en Belgique, environ 1 adulte sur 10 souffre d'un trouble de santé mentale tel que l'anxiété ou la dépression. Chez les enfants de 2 à 18 ans, environ 1 sur 10 présente des difficultés psychologiques ou comportementales nécessitant un suivi professionnel. Ces chiffres révèlent une souffrance souvent dissimulée et posent un véritable défi, car ils ont un impact économique significatif difficile à quantifier.
Une étude américaine apporte des éclairages intéressants à ce sujet (2). Selon cette étude novatrice, les maladies mentales coûtent 282 milliards de dollars par an à l'économie américaine, soit l'équivalent d'une récession économique moyenne. Cette estimation, représentant environ 1,7 % de la consommation nationale, dépasse de 30 % les évaluations antérieures du coût global des maladies mentales. Contrairement aux études précédentes qui se concentraient sur la perte de revenus et les coûts de traitement, cette nouvelle étude prend en compte diverses autres conséquences économiques négatives associées aux maladies mentales, telles que la diminution de la consommation, des investissements et le choix d'emplois moins exigeants chez les personnes affectées.
Au niveau national, plus de 20 % des adultes vivent avec une maladie mentale, dont environ 5,5 % souffrent de formes graves. D'après l'étude, fournir des services de santé mentale à tous les jeunes de 16 à 25 ans atteints de troubles mentaux engendrerait des bénéfices sociaux équivalant à 1,7 % de la consommation globale. Les chercheurs modélisent la maladie mentale comme un état de pensées négatives et de rumination, renforcé par le comportement. En conséquence, les patients travaillent, consomment et investissent moins, ce qui aggrave leur état en les empêchant parfois de suivre un traitement adéquat.
jeudi 6 juin 2024
Oubliée : Lizzie Magie, inventrice inconnue du Monopoly
Victor Ginsburgh (*)
Nous avons (presque) toutes et tous joué au Monopoly dans notre jeunesse et peut-être encore aujourd’hui. C’est Lizzie Magie, féministe plutôt de gauche, qui l’a inventé sous le nom de The Landlord’s Game au début du 20ème siècle. Le jeu a été publié en 1906 par l’Economic Game Company, dont elle était propriétaire. Nuit après nuit, une fois son travail de bureau terminé, Lizzie s'asseyait chez elle, dessinant et redessinant, pensant et repensant. Elle voulait que son jeu de société reflète ses opinions politiques progressistes – c'était tout l'intérêt.
Ebauche du jeu inventé par Lizzie Magie |
Le jeu de Lizzie comportait de l'argent fictif, des actes et des propriétés riches ou moins riches qui pouvaient être achetés et vendus. Les joueurs empruntaient de l'argent, soit à la banque, soit entre eux, et devaient payer des impôts. Dans un coin se trouvaient la maison des pauvres et le parc public (coin inférieur gauche), et de l'autre côté se trouvait la case Go to Jail (coin supérieur gauche). Rappelez-vous, cela veut dire Allez en tôle. Longtemps ou pas trop, selon votre forfait, alors que les autres joueurs pouvaient continuer.
Le jeu comportait un chemin qui permettait aux joueurs de faire le tour du tableau inventé par Lizzie. Chaque joueur avançait depuis le Go et s’aventurait d’une case à une autre générée par les points de deux vulgaires dés, jetés par un des joueurs. Chaque joueur pouvait acheter des terrains qui étaient payants, mais rapportaient des $ si un autre que le propriétaire tombait sur ledit terrain. Je m’arrête ici sur les finesses du jeu, sans quoi je passerais tout mon temps (et le vôtre) sans avoir plutôt raconté l’histoire de Lizzie, qui s’était fait voler le jeu qu’elle avait inventé.
Charles Darrow |
Tout en étant progressiste, Lizzie espérait sans doute que les joueurs réfléchiraient aux fondements de la société capitaliste. Dans les règles du jeu du propriétaire, elle explique comment les conflits potentiels pouvaient être résolus. Il y avait d’ailleurs aussi une prison.
Que méritait un certain Charles Darrow qui dépose en 1933 les droits d’auteur du jeu et le baptise Monopoly, commence à le vendre dans les magasins de jouets et les grands magasins. Le jeu s’est finalement vendu à plus de 275 millions d’exemplaires et fait de Darrow un millionnaire, qui a roulé une femme bien plus subtile que lui.
La vérité apparaît enfin à Lizzie en 1936. C’était elle qui avait inventé le jeu, et elle pouvait le prouver. Elle vend finalement les droits d’auteur du Landlord’s Game à Parker Brothers pour un montant forfaitaire de $500, (environ$11.000 aujourd’hui).
Parker Brothers a également accepté de publier deux de ses autres jeux de société, King’s Men, un jeu d’association detuiles, et Bargain Day, un jeu de shopping. Ravie que ses idées atteignent un public plus large, elle écrit une lettre auxfrères Parker dans laquelle elle s’adressait au jeu du propriétaire comme s’il s’agissait d’une personne : « Adieu, mon idéebien-aimée. Je regrette de me séparer de toi (des jeux), mais je te donne à un autre qui pourra faire plus pour toi que jen’ai fait. »
Lizzie meurt à 81 ans en 1948 mais elle a vécu assez longtemps pour voir le succès durable d’un jeu basé sur sa propre invention, même si son nom avait été effacé pendant des années, et son idéologie de gauche s’est montrée atténuée.
Monopoly en couleurs, comme si je l'avais encore |
(*) Je me suis permis de reproduire quelques paragraphes de l’article que le Guardian avait édité il y a neuf ans avec le titre The secret history of Monopoly : The capitalist board game, left wing origins. Le Guardian lui-même avait largement extrait de l’ouvrage de Mary Pilon, The Monopolists : Obsession, Fury and the Scandal Behind the World’s Favorite Board Game, Bloomsbury, 2015. Le jeu existe en 26 langues dont : anglais, espagnol, portugais, italien, turc, allemand, français, coréen, japonais, arabe, chinois et même russe, hindou, croate, tchèque, islandais.