Victor Ginsburgh
Le clin d'oeil de Vladimir |
Vladimir doit bien se marrer derrière les murs de son petit Kremlin. L’embouteillage
durant toute la journée du 20 mars à Bruxelles est sans doute le résultat le
plus important (et probablement le seul) de la n-ième réunion des 28,00 chefs
d’Etat européens pour imposer des sanctions à la Russie. L’Union Européenne
annonce fièrement avoir ajouté 12 noms sur sa liste de personnalités
sanctionnées (1). Si je compte bien, ça nous fait 12/28 = 0,43 personne
sanctionnée par dirigeant européen après une journée de travail. Foutent rien
ces gens-là.
Non seulement Vladi se marre, mais il impose des sanctions plus vite que
celles que nous lui imposons. A peine Barak Obama avait-il cité trois noms
supplémentaires de personnalités interdites d’entrée aux Etats-Unis, que Vladi
répond en multipliant le 3 par 3 : sa liste compte 9 personnalités.
Et puis, Standard & Poor’s, de bien triste réputation, a abaissé la
note de la Russie à « négative ». Tout le monde s’en fout de S&P
après leurs prévisions hilarantes de 2007-2008 racontant que tout allait bien.
L’OTAN est du côté de l’Ukraine : le 10 mars, son secrétaire général a
terrorisé le monde entier en déclarant :
“Nous
attendons que la Russie remplisse ses engagements internationaux, retire ses
troupes et n'intervienne pas dans d'autres régions d'Ukraine. Sur la carte de
l'Europe
du 21e siècle, personne ne devrait tenter de tracer de nouvelles frontières… Nous
avons placé l'ensemble de la coopération Otan-Russie sous examen » (2).
Ca a fait très peur à
Vladi, et c’est bien pourquoi huit jours plus tard, il annexait la Crimée « pour
protéger sa patrie ».
Mais M. Obama ouvre aussi la porte à des mesures économiques, incluant
notamment les industries du pétrole et du gaz (3). Et quand Vladi nous coupera le
gaz, nous aurons l’air malin !
Encore que, comme je l’ai entendu il y a peu « sur » la radio
belge, il a fait beau et les toits recouverts de si jolis panneaux
photo-voltaïques ont produit en une heure (de midi à 13 heures) l’équivalent de
ce que produisent deux centrales nucléaires. Donc on s’en fout du gaz de
Vladimir.
Mais parlons plus sérieusement et reprenons les propositions d’un article
très révélateur du New York Times (4).
« L’origine de la crise repose sur deux problèmes liés aux institutions
politiques ukrainiennes : la production de dirigeants honnêtes et
compétents, et leur écoute de toutes les classes de sa population ».
Que l’ex-président Yanukovych était un homme corrompu est évident : il
suffit de voir sa résidence pour le croire. Mais il ne semble pas y avoir grand
monde qui se presse au portillon pour le remplacer, si ce n’est quelques
démagogues de couleur fascisante.
Il y a aussi le fait que la centralisation du pouvoir en Ukraine est
extrême. Le président a le droit de nommer et de dégommer les gouverneurs des
régions, qui deviennent des bureaucrates (puisqu’ils ne sont pas élus) et ne
s’intéressent guère au bien-être de leur population dans les provinces. Il est
temps de réformer le système et de faire élire les gouverneurs par les
populations locales. Ce qui devrait aussi mettre en confiance les russophones
et Russes ethniques de l’est du pays qu’ils ne seraient plus gouvernés par des
Ukrainiens de souche.
Un éditorial du New York Times
(5) paru après la visite d’Obama à Bruxelles (une autre journée
d’embouteillages) intitulé « Le discours anémique d’Obama en Europe »
explique que
Barak à Bruxelles |
(1) RTBF, 21
mars 2014 http://www.rtbf.be/info/monde/detail_sommet-ue-12-noms-supplementaires-sur-la-liste-des-sanctions-de-l-union-europeenne-contre-la-russie?id=8227678
(2) L’Otan est du côté de
l’Ukraine, Le Vif, 10 mars 2014 http://www.levif.be/info/actualite/international/l-otan-est-du-cote-de-l-ukraine/article-4000553497045.htm
(3) M. Landler, A. Lowrey ad S.
Lee Pyers, Obama steps up Russia sanctions in Ukraine crisis, The New York Times, March 21, 2014
(4) S. Gehlbach, R.
Myerson and T. Mylovanov, A way forward for Ukraine, The New York Times, March 19, 2014 http://www.nytimes.com/2014/03/20/opinion/a-way-forward-for-ukraine.html
(5) Roger Cohen, Obama’s
anemic speech in Europe, The New York
Times, March 27, 2014. http://www.nytimes.com/2014/03/28/opinion/cohen-obamas-anemic-speech-in-europe.html
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