Pierre Pestieau
S’il est un sujet qui préoccupe autant les pouvoirs publics que chacun
d’entre nous, c’est bien celui de la démence. Celle-ci correspond à une
catégorie de troubles du cerveau qui entraînent des lésions provoquant une
détérioration progressive des capacités fonctionnelles et des relations
sociales de l'individu. La maladie d'Alzheimer en est la forme la plus
courante ; elle représente 60 à 80 % des cas. Il n'existe
actuellement aucun de traitement capable d’arrêter la maladie.
Selon l'OMS, près de 35,6 millions de personnes en souffrent dans le
monde. Compte tenu du vieillissement de la population et en l'absence de
solutions de prévention efficaces, on appréhende généralement que ce chiffre
triplera d'ici 2050. Ce qui est effrayant et insoutenable.
C'est dans nos pays que le taux de prévalence est le plus élevé :
environ 6,5% de la population de 60 ans et plus est atteinte de démence. Ce
taux est nettement plus faible dans les pays pauvres.
Les symptômes cliniques se manifestent en général après 65 ans, et sa
prévalence augmente fortement avec l'âge. Les projections dont il est question
sont établies à prévalence donnée et il existe aujourd’hui un débat quant à
savoir si ces taux persisteront avec le vieillissement
démographique. Certains ont en effet l’espoir que de même que nous vivons en
bonne santé de plus en plus longtemps, la démence apparaîtrait de plus en plus
tard, ce qui infirmerait les craintes d’un triplement.
Cet espoir vient d’être conforté par un article de la revue médicale The Lancet (1) que l’on peut résumer en
deux points. D’abord, le nombre de cas de démence ne devrait pas sensiblement
augmenter en Europe occidentale, ce qui implique des taux de prévalence en
baisse. Ensuite cette baisse est imputable à des facteurs identifiables.
Cet article est basé sur cinq études qui couvrent la même période et des
populations différentes (la Grande Bretagne et quatre villes, Stockholm, Gothenburg,
Rotterdam et Saragosse). Elles utilisent les mêmes méthodes et attribuent la
baisse de prévalence à l’éducation, aux meilleures conditions de vie et à une
prévention et un traitement plus efficaces des conditions vasculaires. Ces
facteurs semblent jouer non seulement sur la prévalence mais aussi sur la
sévérité des démences étudiées.
Voilà une bonne nouvelle sur un sujet où les Cassandre sont nombreuses.
(1) http://press.thelancet.com/dementia.pdf
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