mercredi 9 décembre 2015

Prévisions démentielles. Un démenti

Pierre Pestieau

S’il est un sujet qui préoccupe autant les pouvoirs publics que chacun d’entre nous, c’est bien celui de la démence. Celle-ci correspond à une catégorie de troubles du cerveau qui entraînent des lésions provoquant une détérioration progressive des capacités fonctionnelles et des relations sociales de l'individu. La maladie d'Alzheimer en est la forme la plus courante ; elle représente 60 à 80 % des cas. Il n'existe actuellement aucun de traitement capable d’arrêter la maladie.
Selon l'OMS, près de 35,6 millions de personnes en souffrent dans le monde. Compte tenu du vieillissement de la population et en l'absence de solutions de prévention efficaces, on appréhende généralement que ce chiffre triplera d'ici 2050. Ce qui est effrayant et insoutenable.


C'est dans nos pays que le taux de prévalence est le plus élevé : environ 6,5% de la population de 60 ans et plus est atteinte de démence. Ce taux est nettement plus faible dans les pays pauvres.

Les symptômes cliniques se manifestent en général après 65 ans, et sa prévalence augmente fortement avec l'âge. Les projections dont il est question sont établies à prévalence donnée et il existe aujourd’hui un débat quant à savoir si ces taux persisteront avec le vieillissement démographique. Certains ont en effet l’espoir que de même que nous vivons en bonne santé de plus en plus longtemps, la démence apparaîtrait de plus en plus tard, ce qui infirmerait les craintes d’un triplement.

Cet espoir vient d’être conforté par un article de la revue médicale The Lancet (1) que l’on peut résumer en deux points. D’abord, le nombre de cas de démence ne devrait pas sensiblement augmenter en Europe occidentale, ce qui implique des taux de prévalence en baisse. Ensuite cette baisse est imputable à des facteurs identifiables.

Cet article est basé sur cinq études qui couvrent la même période et des populations différentes (la Grande Bretagne et quatre villes, Stockholm, Gothenburg, Rotterdam et Saragosse). Elles utilisent les mêmes méthodes et attribuent la baisse de prévalence à l’éducation, aux meilleures conditions de vie et à une prévention et un traitement plus efficaces des conditions vasculaires. Ces facteurs semblent jouer non seulement sur la prévalence mais aussi sur la sévérité des démences étudiées.

Voilà une bonne nouvelle sur un sujet où les Cassandre sont nombreuses.


(1)  http://press.thelancet.com/dementia.pdf

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