Les
chiffres de la natalité continuent d’inquiéter en France. L’annonce d’une
quatrième année consécutive du recul des naissances en 2018 a été vécue comme
un drame national. Seule petite éclaircie, si la baisse se confirme, son rythme
ralentit. Une piètre consolation car compte tenu de l’allure prise par la
courbe des naissances, le discours pour 2019 est déjà tout prêt : mais où sont
passés les bébés ? Il vrai que par rapport aux standards de la fin des années
2000 et du début des années 2010, il manque désormais environ 66 000
nourrissons par an.
L’expression
de bébés manquants est excessive, surtout si on l’associe à la réalité des missing
women. Il s’agit du déficit
de femmes qui existe notamment en
Asie, en particulier en Chine et en Inde. Dans ces pays, la naissance d'une
fille est souvent considérée comme un poids, ce qui pousse les couples à préférer
les garçons aux filles. Cette préférence se concrétise par des avortements si l'on
peut déterminer le sexe du fœtus avant la naissance, voire même des
infanticides. Dans le cas qui nous occupe, la baisse de fécondité relève du
choix légitime des couples et peut s’expliquer par une conjonction de facteurs.
Certains ont vu dans cette baisse de
fécondité la conséquence d’une politique familiale moins généreuse à l’égard
des ménages aisés. Il semblerait que cet effet soit minime. Plus sérieuses sont
les explications d’ordre démographique, à commencer par la réduction du nombre relatif
de femmes en âge d’avoir des enfants. En effet le nombre de femmes âgées entre
20 et 44 ans est passé de plus de 11 millions en 1994 à moins de 10
aujourd’hui. Autre explication, les femmes retardent leur première maternité.
Elles ont leur premier enfant vers 28,5 ans, quand leurs mères ont eu le leur
vers 25 ans. Les enfants suivants sont retardés d’autant et l’âge moyen à la
maternité pour l’ensemble des naissances, que les enfants soit le premier de
leur mère ou non, ne cesse de s’élever pour atteindre 30,8 ans en 2018. Tout ceci étant, la France reste une exception en Europe avec un taux de
fécondité de 1,90. C’est le seul pays proche du seuil de remplacement.
Fécondité en baisse, mais ce n’est pas tout. La
longévité tend aussi à plafonner. En France, le nombre de décès en 2018 dépasse
les 600.000, une première depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Certes
la longévité continue d’augmenter mais faiblement. L’espérance de vie n’a gagné
que 0,7 an chez les hommes et 0,4 chez les femmes ces cinq dernières années. En
revanche l’espérance de vie en bonne santé décroît ; au mieux elle stagne.
Les causes majeures de la mortalité sont aujourd’hui les cancers et les
maladies cardiovasculaires. Depuis plusieurs décennies, la médecine a permis de
lutter avec succès contre ces deux maux mais il semblerait que depuis quelques années,
elle n’ait plus la même efficacité. Quant à l’espérance de vie en bonne santé
qui représente le nombre d'années qu'une personne peut compter vivre sans
souffrir d'incapacité dans les gestes de la vie quotidienne, elle plafonne dans
le meilleur des cas. Ce qui veut dire que la période de vie en mauvaise santé
ne cesse d’augmenter. Les raisons de ce phénomène sont mal connues et c’est
regrettable. C’est une période la vie toute aussi importante que les autres
mais que l’on a tendance à traiter avec moins d’égard, comme si elle
représentait l’antichambre de la mort. En témoignent les nombreux cas de maltraitance
des personnes âgées que ce soit dans des maisons de soin ou au sein de la
famille.
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