Victor Ginsburgh
On pourrait
éviter les voitures autrement qu’en inondant les villes de vélos, trottinettes et
autres gadgets électriques de toutes les couleurs et formes qui vont jusqu’à
une roue unique, voire pas de roue du tout et roulent à peu près n’importe où, y
compris sur les trottoirs et dépassent à gauche ou à droite ou de gauche à
droite et vice-versa les voitures qui jusqu’ici ont le droit de rouler dans les
rues.
Il suffirait, en
effet, que les piétons puissent aussi se recharger à une prise, et ainsi leur
permettre de courir à 42,195 km à l’heure sur les trottoirs, qui étaient et
devraient toujours leur être réservés. La vitesse de pointe de ce nouveau et
étrange « véhicule », mais qui n’est pas plus stupide qu’un autre, serait
évidemment limitée à 120 km/heure sur les autoroutes, encore qu’on puisse
envisager l’utilisation des voies réservées aux bus et taxis pour aller plus
vite encore.
En ville, ils
seraient tenus à plus de réserve mais au moins, ils pourraient signaler avec les
bras munis d’une loupiote qu’ils tournent à gauche ou à droite ainsi que de
points lumineux sur les fesses pour indiquer qu’ils freinent. Tout ceci est
largement omis sur les véhicules, si on peut ainsi les nommer, décrits dans les
premières lignes dans cet article. On a sans doute rendu la vie des voitures
impossible, mais les piétons sans batterie rechargeable sont loin d’être bien
traités. Au moins cette proposition leur permettra de survivre alors
qu’aujourd’hui il se font écrabouiller par les voitures qui, toujours pressées,
font demi-tour dans les rues étroites et se voient obligées d’utiliser les
trottoirs pour ce faire.
Cette solution
simple présente des avantages et des désavantages, comme toutes les autres.
Parmi les avantages citons :
(a) les piétons
électrisés pourront passer sur les lignes blanches à 42,195/heure, ce qui
rendra plus fluide le passage des voitures et il y aura moins
d’embouteillages ;
(b) les piétons
électrisés consommeront bien mois d’électricité que les voitures hybrides et brides,
vélos, trottinettes et autres véhicules, ce qui permettra des économies
d’électricité et permettra de fermer les centrales hydrauliques pour le
remplacer par des centrales atomiques ;
(c) on pourra
aussi supprimer les trains, puisque les piétons pourront courir plus vite que
ne roulent les trains, et seront moins en retard que ces derniers;
(e) il sera plus
facile de tarifer les véhicules qui entrent dans et sortent des grandes villes,
puisqu’il y en aura moins ;
(f) mais de
toutes façons, je suis convaincu que les voitures tendront à disparaître
complètement et leur prix tombera à zéro ; je ne suis cependant pas tout-à-fait
sûr que cela supprimera le réchauffement climatique, parce que les centrales
atomiques explosent de temps à autre, et ça c’est plus chaud que les 38 degrés
que nous avons supportés durant une partie de l’été.
Mais, j’en
conviens, il y aura des inconvénients aussi, dont :
(a) les piétons
devront être reliés au réseau électrique pour se recharger chaque soir. Mais
comment feront les pauvres qui ne sont pas raccordés au réseau ? Ben, ils
achèteront des voitures dont le prix aura chuté à presque zéro, puisque tout le
monde sera en train de courir, mais ça augmentera néanmoins le trafic
automobile ; pour éviter cette rétroaction, si l’on peut dire, on
pourrait penser à des bornes électriques comme celles qui existent pour charger
les véhicules hybrides, mais il y aura sûrement des personnes qui n’aimeront
pas se charger en public ;
(b) il faudra donc
que les médecins et autres agents du corps médical trouvent un endroit dans le
corps pour pouvoir y introduire la fiche électrique, qu’elle soit privée ou
disponible à une borne ; le naïf que je suis voit plusieurs possibilités,
comme le nez par exemple, mais il y certainement d’autres endroits moins
visibles.
Je viens de vous
prouver que le nombre d’avantages (six) est largement supérieur à celui des
inconvénients (deux seulement).
Et viens de me
rappeler un avantage supplémentaire important : tous les piétons pourront
courir le marathon en une heure. La distance du champ de bataille de Marathon à
Athènes que le Grec Pheidippides a dû parcourir pour annoncer que les Perses
avaient été battus en 490 avant J.C. est exactement de 42,195 kilomètres. Même
moi, je pourrai participer et gagner la course : tous les piétons
électrifiés seront ex aequo.
Très cher Victor,
RépondreSupprimerJe ne te connaissais pas ce talent d'humoriste. Bravo. Je te suggère de poursuivre et d'approfondir ce sujet; il me semble que tu as omis de proposer le lieu où placer les batteries mais cela n'est qu'un détail à ce stade, vu les progrès fulgurants de la science actuelle. Amitiés André