jeudi 7 mars 2024

Peut-on encore être optimiste quant à l’avenir de notre planète ?

Pierre Pestieau

On peut ne pas être optimiste quant à l’avenir de notre planète sans être pour autant décliniste. Les comportements de nos parents et grand-parents à l’égard de l’environnement étaient loin d’être vertueux. Leur seul mérite était d’être matériellement plus pauvres que nous. C’est pour cette même raison que les pays pauvres polluent beaucoup moins que les pays riches. Dans la tragédie environnementale, on peut distinguer trois types d’acteurs : l’Etat, les producteurs et les consommateurs.

Les États sont tiraillés entre l’intérêt général et l’intérêt électoral. Les événements récents ont montré qu’en cas de crise, ils n’hésitaient pas à oublier le climat. Témoins les reculades à propos des pesticides et des pratiques aquavores face à la colère par ailleurs légitime du monde agricole. Devant la pénurie de logements, le gouvernement français vient de renoncer à interdire la location de passoires énergétiques.

On est moins surpris du comportement des entreprises piégées par la poursuite du profit immédiat, qui ne s’intéressent àl’environnement que pour améliorer leur image en recourant au greenwashing, cette pratique de marketing consistant à communiquer auprès du public en utilisant l’argument écologique de manière trompeuse. Marx notait déjà que le capitalisme n’avait pas vocation à préserver notre environnement (1).

Reste le consommateur, c’est-à-dire nous, qui apparaît comme le seul maillon décisionnel capable de forcer le capitalisme à prendre enfin le climat et l’environnement au sérieux En adoptant des comportements plus durables et éthiques, le consommateur aurait le pouvoir de dicter sa loi à l’ensemble du système, supplantant les États et les entreprises. Mais cela impliquerait un cahier des charges exigeant, faisant appel à sa conscience citoyenne et transformant la consommation en acte politique. Se transformer en consommateur responsable, cela exigerait de s’informer sur la durabilité, la localisation des produits, de concrétiser en acte la préférence pour les produits durables, recyclables, économes en énergie, incorporant des matériaux respectueux de l'environnement, issus de chaînes d'approvisionnement équitables et de refouler les achats impulsifs menant à la surconsommation. La plupart des citoyens seraient d’accord avec ce cahier de charges mais force est de constater qu’il est en décalage total avec leurs comportements. On prendra trois exemples : baisse de la consommation des produits bios, croissance des voyages en avion et aspiration à vivre loin des centres villes.

La majorité des consommateurs se disent responsables mais dans la réalité leur comportement ne dérange pas, voire arrange beaucoup de monde. Par l’inefficacité de ses effets, ce comportement est ce qui permet aux grands acteurs privés et publics de gagner du temps et de faire mine que tout change pour que rien ne change, pour reprendre la fameuse réplique du Guépard. Il permet aux autres acteurs, États et entreprises, de continuer à jouer leur partition et à s’engouffrer dans un greenwashing profitable.




(1). Voir mon blog du 26/12/2021, Marx et l’environnement :

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