Pierre
Pestieau
Cette contrepèterie
facile vient à l’esprit quand on a vu et surtout écouté l’animateur du 26ième Téléthon. Le weekend dernier, les 7 et 8 décembre 2012, s’est en effet
déroulée cette manifestation annuelle sur les chaines publiques françaises et
partout en France.
Qu’en
penser ? Rien que du bien. Naturellement. Quoique… aurait dit le tant
regretté Raymond Devos.
Je
ne sais pas encore si le record des dons sera atteint. Record par rapport à
quoi ? Mais ce que je sais c’est que le record de bêtises sur le sujet a été
franchi. Les journaux, les radios et les télévisions publiques et privées ont
consacré de nombreux articles ou de programmes à la charité. Et cela a donné lieu
à un débordement de propos chauvins et inexacts dont le plus emblématique est que
la France est le pays le plus généreux qui soit et qu’il le devient de plus en
plus.
Il
est incontestable que le téléthon porte
sur des problèmes de santé pour lesquels les financements manquent cruellement.
Par financement, je vise le financement public. L’Etat a une fâcheuse tendance à
ne pas s’investir dans des domaines statistiquement peu visibles ou
politiquement peu rentables. On sait ainsi que pour des handicaps lourds comme
l’autisme, la schizophrénie, ou la trisomie, il y a un manque criant
d’infrastructures d’accueil et que c’est dans ces domaines que des associations
caritatives sont présentes. Pour certains de ces handicaps, on entend parfois dire
que l’accueil est meilleur aux Etats-Unis et plus généralement dans les pays
anglo-saxons dont les Etats providence sont beaucoup plus discrets qu’en France
ou en Belgique. Or aux Etats-Unis les structures d’accueil sont financées par le
mécénat et les contributions caritatives. Sans aucun doute mais deux remarques
sur ce point. D’abord, les Etats-Unis dépassent nettement l’Europe dans les
dons et ce pour diverses raisons : la culture, la fiscalité et la richesse
du pays. Ensuite, malgré cela, ces
structures sont insuffisantes.
Pour
revenir à notre bonne vieille Europe, je trouve désolant de voir sur les
plateaux de télévision des hommes politiques se pavaner alors qu’ils devraient
se démener au parlement et au gouvernement pour que la sécurité sociale prenne
en compte ces problèmes. L’Etat ne peut pas tout mais il devrait en tout cas
pouvoir cela. Et d’une certaine manière même si les fonds récoltés ont une
utilité certaine, il est vraisemblable qu’en y participant, les différents acteurs
se donnent bonne conscience et pensent que cela les dispense d’exiger des
pouvoirs publics qu’ils fassent leur boulot.
Pour
conclure, il existe un indice de générosité et de bénévolat qui regroupe trois
pourcentages calculés sur la population totale, celui du nombre de donateurs
(en argent), celui du nombre de bénévoles (en temps) et celui du nombre de
personnes ayant aidé un étranger durant le dernier mois. Viennent en tête,
l’Australie et la Nouvelle Zélande avec un score de 57%. Les Etats Unis sont
6ième avec 55% ; la Belgique 51ième avec 36% ; et la France, si
généreuse, est 93ième avec 27%. Bien sûr, on sait les limites de tout
classement.
(1).https://docs.google.com/spreadsheet/ccc?key=0AonYZs4MzlZbdHEtRUY3dllDZEI4RnFtR1A1NmpZUmc&hl=en#gid=0
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