Pierre Pestieau
Le vieillissement s’accompagne d’une augmentation des risques de perte
d’autonomie, avec pour corollaire l’accroissement des situations de
dépendance ; l’aide pour les activités du quotidien devient alors indispensable.
Du fait de leur surnombre, parce qu’elles vivent plus longtemps que les hommes
et sont plus souvent en situation de dépendance aux grands âges, les femmes
sont aujourd’hui les principales bénéficiaires de l’aide à domicile. Elles en
sont également, à un stade moins avancé de leur cycle de vie, les principales
pourvoyeuses au sein de la famille (1).
D’après les chiffres de mortalité observés en France en 2010, les
femmes qui ont atteint 65 ans peuvent espérer vivre encore 23 ans et les hommes
18,5 ans. La surmortalité masculine se traduit par une surreprésentation des
femmes dans la population âgée, d’autant plus grande que l’âge augmente : en
2010, elles représentent 60 % des personnes âgées de 75 à 84 ans, 70% des 85 à 94
ans et près de 85% des 95 ans et plus.
Les femmes sont aussi plus souvent confrontées à des problèmes de santé
et des incapacités définies comme des difficultés à réaliser seules des activités
de la vie quotidienne. Leur espérance de vie est plus longue certes, mais si on
adopte le concept d’espérance de vie en bonne santé, à savoir de vie en pleine
autonomie, les femmes surpassent à peine les hommes.
Les démographes étudient en effet combien de temps
les populations peuvent espérer vivre en bonne santé : c'est ce qu’ils
appellent « l'espérance de vie sans incapacité ». Chose étonnante, et
à la différence de l’espérance de vie classique, cette espérance de vie sans
incapacité diminue depuis quelques années. Elle serait passée de 62,7 à 61,9
ans entre 2008 et 2010 pour les hommes ; et de 64,6 à 63,5 ans pour les femmes.
L’Institut National d’Etudes Démographiques (INED) qui relève ces évolutions
note qu’elles se vérifient dans d'autres pays européens (2).
La raison pour laquelle les femmes ont une période
de dépendance sensiblement plus longue que les hommes peut en partie s’expliquer
par le fait que lorsqu’elles sont âgées de 50 à 65 ans, elles doivent souvent
s’occuper de leurs parents ou de leurs beaux parents et parfois de leur mari.
Or on s’aperçoit de plus en plus que ces soins sont extrêmement épuisants sur
le plan physique et psychologique. Lorsque ils sont prodigués à des personnes
souffrant de dépendance lourde, on observe que, trop souvent, ces « aidants
naturels » ne s’en remettent jamais et tombent eux-mêmes dans la
dépendance. Or ces dépendants naturels sont pour la plupart des femmes.
Pour dire les choses autrement, si nos Etats
providence disposaient de meilleures infrastructures d’accueil pour les cas de
dépendance lourde, il est vraisemblable que les femmes pourraient vivre plus
longtemps sans incapacité et éviter ce qu’il faut bien appeler une double peine.
(1) Carole Bonnet, Emmanuelle Cambois, Chantal
Cases, Joelle Gaymu, La dépendance
: aujourd’hui l’affaire des femmes, demain davantage celle des hommes ?, Population et Sociétés 483, 2011.
Non, non,non, la rupture de parallélisme des courbes de mortalité et d'incapacité s'explique par l'accroissement des maladies environnementales : ce n'est pas étonnant, c'est inquiétant. Cela va coûter très cher.
RépondreSupprimerVivrer vieux et souffrir longtemps, longtemps.
Engendrer des enfants toujours plus malade, malades.
Pour l'industrie des médicaments, c'est le rêve.
Et les rêves cela se prépare...