Pierre Pestieau
MIT: le temple du sçavoir |
Immanquablement se pose
la question de l’évaluation de l’enseignement, universitaire en l’occurrence.
Est-ce possible et si oui comment? Dès l’abord, une première remarque. Les
deux classements précités sont
utiles pour indiquer les grandes tendances mais dès que l’on entre dans le
détail, ils ne sont guère informatifs. La manière dont les universités belges
sont classées ne permet pas d’éclairer le décideur public. Le premier défaut de
ces classements est leur niveau d’agrégation. Il vaudrait mieux procéder par
disciplines, quitte à agréger en final les résultats des évaluations
sectorielles.
Mon point
de vue est qu’il est possible d’évaluer la performance des universités tout en
se rendant compte que les mesures obtenues doivent être soumises à une critique
continue et ne sont en aucun cas absolues. Elles sont en effet relatives, basées
sur le concept de « meilleure pratique », entendant par là que l’on
compare la performance d’une université dans une activité particulière avec
celle d’autres universités dans les mêmes activités. Mais tout d’abord, il nous
faut nous entendre sur ce qu’on attend d’une université, car sa performance
dépendra de la manière dont elle réussit à atteindre les objectifs qui lui sont
impartis au départ. On peut distinguer 4 objectifs majeurs : la qualité de
la recherche, celle de l’enseignement, l’employabilité des étudiants diplômés et
le service à la communauté. La qualité de la recherche est sans doute
l’activité qu’il est le plus facile d’évaluer. Les critères varient d’une
discipline à l’autre mais ils sont largement reconnus. L’employabilité des
étudiants n’est pas égale d’une discipline à l’autre et d’une période à
l’autre. Elle ne peut être négligée surtout lorsque les universités sont
publiques et n’obéissent pas aux lois du marché en fixant la rémunération de
leurs enseignants et le montant des droits d’inscription. La qualité de
l’enseignement peut être évaluée par des enquêtes répétées auprès des
étudiants. Cela reste néanmoins une variable extrêmement subjective. Enfin, il
y a le concept fort vague de service à la communauté qui sans nul doute est le
plus difficile à mesurer. Son acception variera selon les disciplines et selon
les régions. En dépit des difficultés, il peut être évalué.
Une fois que
l’on a obtenu un indicateur pour ces différentes missions de l’université et pour
chacune des disciplines couvertes, il faut les agréger en un indicateur unique.
Il existe plusieurs techniques d’agrégation qui n’échappent pas aux jugements
de valeur. Il suffit d’être clair sur ces jugements pour qu’ils puissent être
soumis à la critique. On peut ainsi arriver à une évaluation de la qualité des
établissements universitaires, évaluation qui est indispensable parce qu’elle
conduit à une saine émulation et nécessaire parce qu’il vaut mieux une
évaluation reposant sur des règles claires que les classements sans fondement
qui se colportent çà et là.
Avant de
conclure deux remarques. Dans la mesure où la recherche est la mission
universitaire qui est la plus facile à évaluer, il n’est pas surprenant que de
nombreux classement tendent à lui accorder plus de poids qu’aux autres
missions. C’est certainement regrettable mais inévitable. Dans ce qui précède
l’accent a été mis sur l’enseignement universitaire. La même méthodologie
pourrait s’appliquer aux autres formes d’enseignement supérieur avec cependant
une moindre pondération pour l’objectif de recherche.
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