Victor Ginsburgh
C’est le titre que donne à un récent article Thomas Friedman, auteur d'ouvrages politiques etet éditorialiste au New
York Times (1). Le troisième intifada, explique Friedman, ne sera pas armée
et ne viendra pas de Palestine, mais du reste du monde, et elle a commencé. Elle
est menée par l’Union Européenne à Bruxelles et dans d’autres pays qui ont fini
par s’opposer à l’occupation de la Palestine par Israël.
Le secrétaire d’Etat américain, John Kerry vient de déclarer sous des mots
à peine voilés qu’Israël devra faire face à des actions de boycott si les
négociations qu’il préside entre Palestiniens et Israéliens venaient à échouer.
Ce qui fait écrire au journal de centre gauche israélien Haaretz qu’Israël
« boycotte la réalité » en n’écoutant pas et en feignant ne rien voir
arriver (2).
Il y a deux semaines, Danske Bank, la plus grande banque danoise, a mis sur
sa liste noire la banque israélienne Hapaolim qui finance les constructions
dans les colonies. Le deuxième plus important fonds de pension hollandais a
annoncé qu’il compte se défaire des fonds qu’il avait placés dans les cinq plus
grandes banques en Israël. La semaine dernière le ministre des finances
norvégien a ordonné au fonds de pension public norvégien de se dégager de deux
banques israéliennes. L’Allemagne a l’intention de conditionner sa coopération
scientifique et ses subventions à des firmes high-tech en Israël à l’absence de
liens avec les territoires occupés. En juillet, la Commission Européenne a
publié des régulations similaires concernant la coopération scientifique avec
Israël. Un nombre croissant de professeurs d’universités américaines se déclare
favorable au boycott des institutions universitaires israéliennes (3).
Et pendant ce temps-là un ministre israélien suggère d’investir 20 millions
d’euros dans une campagne médiatique contre le boycott, et plusieurs hommes
politiques, dont Netanyahou, se voilent la face et insinuent que Kerry est
anti-israélien. Seul le ministre des finances, Yair Lapid semble comprendre en
expliquant « qu’Israël ne peut baser sa politique sur des menaces, mais ne
peut pas prétendre que ces menaces n’existent pas ».
Le ministre de l’économie Naftali Benett, qui rejette la solution de deux
états (4), résume sans doute mieux l’opinion du gouvernement israélien :
« Notre pays peut résister à tout, y compris à un boycott. [Nous ne
braderons] pas trois mille ans d’histoire biblique pour des vétilles
commerciales » (5).
L’Iran vient de « brader » son histoire, comme l’a fait l’Afrique
du Sud il y a vingt ans. Grâce à des boycotts qui ont touché leur économie. Qui
vivra verra.
P. S. Un groupe de rabbins a envoyé une lettre au secrétaire d’état
américain John Kerry lui recommandant de cesser sa médiation entre Israël et la
Palestine, sans quoi il encourra le châtiment de Dieu (6).
(1) Thomas Friedman, The third
Intifada, The New York Times,
February 4, 2014. Voir
(3) Voir par example Eliza
Collins, U.S. Professors vote to endorse Israeli academic boycott, USAToday, December 17, 2013. http://www.usatoday.com/story/news/world/2013/12/17/israel-academic-boycott-asa/4051169/
(4) Voir http://unitedwithisrael.org/israeli-economics-minister-naftali-bennett-calls-for-one-state/
(5) Serge Dumont, Israël
tétanisé par les rumeurs de boycott, L’Echo,
5 février 2014.
(6) Rabbis to Kerry: Cease
mediation or face divine retribution, Haaretz,
February 5, 2014
http://www.haaretz.com/jewish-world/jewish-world-news/.premium-1.572521
ce que tu racontes corrobore ce que des amis très pro-palestiniens viennent de me relater: un certain nombre d'organisations vont voir les commerçants en leur signalant qu'ils vendent des produits provenant de territoires occupés, ce qui, paraît-il fait réagir ces commerçants en ayant peur d'être boycotés.
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