Pierre Pestieau
Que de fois n’ai-je entendu cette
phrase « Comparaison
n’est pas raison » à l’occasion de débats sur la
réforme d’un ou l’autre aspect de la société française. Elle coupait court à toute
discussion. Cela pouvait concerner des domaines aussi différents que les
transports, la culture, l’éducation nationale, la laïcité, la fiscalité, la
gestion des collectivité locales ou les modes de scrutin. Dès que quelqu’un avançait
un argument du type « Dans tel pays cela marche mieux sans que ça ne coûte
plus », on lui renvoyait ce proverbe couperet.
Dans
le domaine restreint de l’économie, on compare souvent différentes pratiques entre
pays ou entre régions et si l’une s’avère supérieure aux autres elle servira
d’étalon pour permettre aux autres de s’en rapprocher. Il existe de nombreuses études
comparant les pratiques de différents pays pour ce qui est de leurs systèmes de
santé ou d’éducation, leurs services postaux ou leurs trains, leur protection sociale
ou leur politique de lutte contre le chômage. La qualité de ces études dépend
des données dont on dispose. Si elles sont suffisamment riches, il est possible
d’appréhender correctement la performance de chaque pays et éventuellement de
la rattacher aux ressources investies pour la réaliser. Si certains pays se
distancient d’autres, on devrait alors pouvoir en identifier les causes. Ce
n’est pas toujours le cas. Ces études offrent l’avantage de permettre à chaque
sujet de comparaison de se défendre d’éventuelles charges de mauvaises
pratiques et de présenter des circonstances atténuantes. Par exemple, telle
société de chemins de fer tenue d’utiliser une énergie produite nationalement
mais relativement inefficace pourra invoquer cette contrainte pour expliquer
une performance moindre.
Dans le cas de la France
dont l’Etat providence aurait besoin d’une refonte radicale, les comparaisons
avec d’autres pays plus performants seraient utiles. Mais on leur oppose
inévitablement des arguments du type ‘culturel’. C’est ainsi que l’on entend
des propos du type: « La culture, plus précisément l’histoire et les
mentalités des Français sont telles qu’une solution qui semble marcher dans les
pays nordiques ne pourra réussir chez nous ». A la limite, on prendrait ses défauts pour des qualités. Le
« génie » français interdirait que des formules éprouvées ailleurs
s’appliquent dans l’hexagone. Et à la fin rien ne se fait et surtout défense de
rire.
Défense de rire: tu en as de bonnes! comment y résister face à ton humour mordant!
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