Victor Ginsburgh
Je suis parti en voyage. Pas comme mon collègue blogueur Pierre, à
Washington, Nairobi, ou Adis Abeba. A Genève tout simplement, comme Voltaire,
mais pas en exil, puisque j’en suis revenu le lendemain. Et pas en calèche
comme lui, mais en avion. J’ai donc fréquenté deux aéroports, Bruxelles et
Genève.
Cela reste un peu compliqué d’arriver au terminal d’embarquement à
Bruxelles. Il faut marcher beaucoup, mais la marche est bonne pour tout le
monde ; il y a un peu plus de contrôles, mais pas trop, et on peut encore
traverser tout le duty free shop de part en part, ça sent bon les parfums
divers, ainsi que les chocolats de toutes origines belges, et françaises,
beaucoup moins bonnes évidemment. Et on voit mais on ne sent pas les centaines
de bouteilles d’alcool et de vin, qui sont d’ailleurs affichées à des prix
comparables à ceux de Delhaize ou de Carrefour.
Donc pas de critique contre l’aéroport de Bruxelles. Sauf que les passagers
s’attendent à un rien d’attention. Les renseignements donnés par les
militaires, et autres indicateurs et –trices de directions sont plus parfaits
que les indications elles-mêmes qui laissent à désirer. Mais on finit par
arriver au contrôle des passeports, des bagages, presque plus vite qu’en temps
ordinaire. Donc tout est à peu près parfait.
Sauf que j’ai rencontré plusieurs toilettes non accessibles. Rien à voir
avec les attentats, puisque c’était bien après les contrôles habituels où on
vous pique les crèmes de beauté dont vous pensiez vous enduire pour
bronzer. Il faut donc atteindre
des toilettes situées plus loin, non signalées, et pour lesquelles il s’agit
parfois de traverser les passages à niveau que constituent les trottoirs
motorisés longs de plusieurs kilomètres. Et, chose jamais vue dans ma longue
carrière, il y avait la queue pour faire pipi (sans jeu de mots).
Enfin assis dans un fauteuil ma foi assez confortable dans mon
« gate » de départ, j’ai essayé de me raccorder à l’internet annoncé
comme étant gratuit. Il est probablement gratuit, mais je ne vous le garantis
pas, parce que je n’ai pas réussi à m’y raccorder, et ce n’est pas la première
fois.
Genève : toilettes accessibles ; internet gratuit facilement
accessible (malgré les trois langues, c’est pire que Bruxelles ça) ; kiosques
d’information un peu partout où l’on peut d’ailleurs donner son appréciation en
poussant sur un bouton vert (j’ai été bien conseillé), jaune (bof, bof) ou
rouge (le conseil ne valait rien). J’ai poussé sur le vert, ce qui n’a pas
empêché mon vol de retour d’être annoncé avec retard au décollage, pas à cause
de Genève, mais parce que les contrôleurs aériens à Bruxelles s’étaient une
fois de plus portés pâles.
Je suis quand même arrivé à Bruxelles à peu près à l’heure. Non, pas à Charleroi,
Dieu merci, qui ne s’appelle d’ailleurs plus Charleroi, mais Bruxelles Sud, ça
fait sans doute mieux pour les étrangers qui finissent par croire que, grâce à
M. Magnette, bourgmestre de
Charleroi (qui cumule cette fonction avec celle de Ministre-Président de la
région Wallonne), « sa » ville deviendra capitale de l’Europe après
le Brexit.
Par contre, le premier train en partance pour Bruxelles-la-vraie au départ
de l’aéroport, avait les portes bloquées (c’était écrit sur la porte, on peut
se demander pourquoi cela n’avait pas été réparé) juste là où on descendait de
l’escalier (non roulant d’ailleurs) pour arriver au quai. Le temps d’arriver à
une porte non bloquée, le train s’est mis en route… 30 minutes d’attente pour
le suivant, au coût de 8,60 euros le trajet. Le train de et vers l’aéroport de
Genève n’est pas plus fréquent, mais gratuit, ce qui réduit les aigreurs.
Mais j’ai eu la chance, et quelle chance, de voyager avec Brussels Airlines. A l’aller, j’ai pris l’avion récemment déguisé en Magritte, et au retour, celui déguisé, tout aussi récemment, en Rackham le Rouge, l’ennemi impitoyable de l’aïeul du capitaine Haddock. Quelle idée merveilleuse dans ce monde qui devient de plus en plus gris, et dans lequel la compagnie aérienne belge essaie de survivre, malgré les attentats et les pertes subies et malgré les contrôleurs aériens qui souffrent de grève-maladie-qui-récidive-régulièrement, un nouveau virus dû, paraît-il, au moustique kazi.
Il est temps que l’imagination revienne au pouvoir, ne fût-ce qu’un peu et
que nous nous remettions, comme Baudelaire, à regarder le nuages :
- Eh! qu’aimes-tu donc,
extraordinaire étranger?
- J’aime les nuages...
les nuages qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleux nuages!
Et ils l’étaient dans le
ciel entre Bruxelles et Genève.
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