Victor Ginsburgh
Fuck you |
Cette bataille
fait rage, comme faisait celle de Clinton qui avait menti devant un juge sur ses
relations sexuelles avec Monica Lewinski, ce qui n’était pas très malin, mais
tellement moins grave pour la gestion de l’Etat que les malversations incessantes
de Trump. Rien de comparable au parjure et à l’obstruction à la justice pour
lesquels Clinton était poursuivi.
Le New York Times (1) vient de publier un
article écrit par Joe Lockhart qui était secrétaire de presse à la Maison
Blanche de 1998 à 2000, précisément durant les années noires de Clinton. Il
faut donc l’écouter. Et je reprends ici certains de ses propos.
Aujourd’hui ce
sont les démocrates qui veulent la peau de Trump, à l’époque, c’étaient les
Républicains avec pour chef de file Newt Gingrich qui voulaient la peau de
Clinton.
A cette époque,
Erskine Bowles, le chief of staff de
la Maison Blanche a rencontré Gingrich et lui a demandé pourquoi les
Républicains voulaient à tout prix démettre Clinton. A quoi Gingrich aurait
répondu : Parce que nous pouvons (because we can). Comme peut le faire
aujourd’hui Nancy Pelosi, la présidente démocrate de la chambre, bien plus dans
son droit que Gingrich ne l’était à l’époque.
Dans son article,
Lockhart montre que l’essai de destituer Clinton a été désastreux pour… les
Républicains : le taux d’approbation pour Clinton est passé à 73 pour cent
durant le mois où le juge républicain a proposé sa destitution. Et vingt ans
après, c’est exactement ce à quoi font face les Démocrates.
« Pour les
démocrates », écrit Lockhart, « il vaut mieux laisser Trump en place.
Ce n’est pas seulement de la bonne politique, mais c’est aussi la meilleure
façon de réaligner la politique américaine. En trois ans, Trump a détruit ce
que nous appelions le parti Républicain. Encore deux ans d’effort et il le sera
totalement ».
Trump a en effet
bouleversé tous les principes auxquels tiennent les Républicains : abandon
du libre-échange et retour au protectionnisme ; bonne entente avec les
dictateurs de tous bords (Russie, Brésil, Hongrie, Pologne, Vietnam du Nord,
Arabie Saoudite et, pourquoi pas, Israël) ; le conservatisme fiscal fait
place à des dépenses monumentales. Restent à gérer par le parti des réductions
d’impôts, la xénophobie et le racisme. Les Républicains sont conscients de cet
état de choses. Ils n’aiment pas Trump, mais à court terme, il leur faut des
électeurs. Et pour les Démocrates, c’est un scénario de rêve, à condition que
Trump finisse son terme de quatre ans. Quoi qu’il en soit, le sénat, qui est
seul à pouvoir voter la destitution, ne la votera pas puisque les Républicains
y sont majoritaires. Le vote qui y serait pris constituerait une lourde perte
pour les Démocrates.
Dein Wort in Gottes Ohr |
Et conclut
Lockhart (cette conclusion fait en réalité partie du sous-titre de son
article) : « Laisser Trump en place détruira le Parti Républicain ».
Comme le dit un proverbe allemand que j’utilise souvent : ‘Dein Wort in Gottes
Ohr’, qu’on peut traduire en français par ‘Que Dieu t’entende’.
Et tant pis pour ma laïcité.
P.S.1. Après avoir
écrit ce blog, je reçois un article intitulé « Pourquoi suis-je heureux
que Netanyahou a gagné l’élection » (2). Son auteur répond :
« C’est une bonne chose, parce que nous allons finalement avoir un débat
honnête sur la situation épouvantable engendrée par la complicité américaine
qui a permis à Israël d’opprimer les Palestiniens autant que faire se peut. Le
débat aurait avorté si Gantz avait gagné, en tout cas pendant un certain temps.
Avec le retour de Netanyahou, le débat deviendra plus dynamique. C’est sans
doute un peu tard, mais il vaut mieux tard que jamais ».
P.S.2. William
Barr, le Ministre de la Justice américain qui n’a rien trouvé contre Trump dans
le rapport de Mueller, a aussi lu Moby Dick, et n’y a trouvé aucune baleine (3).
P.S.3. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir que son prochain gouvernement donnera à une implantation du plateau du Golan le nom de Donald Trump pour rendre hommage à la décision prise par le président américain de reconnaître la souveraineté israélienne sur le territoire du nord (4).
P.S.3. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a fait savoir que son prochain gouvernement donnera à une implantation du plateau du Golan le nom de Donald Trump pour rendre hommage à la décision prise par le président américain de reconnaître la souveraineté israélienne sur le territoire du nord (4).
(1) Joe Lockhart, There’s a
bigger prize than impeachment, The New
York Times, April 22, 2019.
(2) James Zogby, Why I am
glad Netanyahou won, Mondoweiss,
April 22, 2019
(3) Andy Borowitz, William
Barr reads Moby Dick, and finds no evidence of whales, The New Yorker, 19 April 2019.
(4) Staff, Netanyahu veut donner à une implantation du plateau du Golan le
nom de Trump, The Times of Israel, 24
avril 2019.
J'adore ta référence (3) à la baleine. Par contre, on est et reste dans la farce avec le Golan renommé Trump ! Oui je sais, ce n'est qu'une implantation, mais c'est une de plus, et une de trop. L'impunité continue !
RépondreSupprimerCher Victor,
RépondreSupprimerLe raisonnement, en termes de calcul politique, est convaincant, mais n'est-ce pas au détriment de l'exigence morale et, dans la durée, de la crédibilité de la règle de droit ?
Etienne
Cher Etienne, Un article publié dans le NYT du 25 avril 2019 intitulé "The danger is not impeaching Trump. It may be risky politically, but Congress has a responsibility to act" par Elisabeth Drew, une journaliste de Wsahington, conclut comme suit:
Supprimer“The Democrats may succeed in avoiding a tumultuous,
divisive fight over impeachment now. But if they
choose to ignore clear abuses of the Constitution,
they’ll also turn a blind eye to the precedent they’re
setting and how feckless they’ll look in history.”
"Qui veut la fin, veut les moyens" (proverbe indien).
RépondreSupprimerAmitiés, Victor