(Victor Ginsburgh)
Faute d’aura, au moins éparpillons nos effluves.
Il lui tranche la tête avec un sabre d’eau, puis plaide non coupable et le crime disparaît avec l’arme qui s’écoule.
Comme on détesterait moins les hommes s’ils ne portaient pas tous figure.
Celui qui parle de lion à un passereau s’entend répondre : tchipp.
On ne voit pas les virgules entre les maisons, ce qui en rend la lecture si difficile et les rues si lassantes à parcourir.
Fille indécise ne doit pas se voir avec son rabat-jupe.
Faites pondre le coq, la poule parlera.
Les oreilles dans l’homme sont mal défendues. On dirait que les voisins n’ont pas été prévus.
Les pieds, n’approuvent pas le visage, ils approuvent la plage.
Les pins, tous les résineux, sont des arbres sociaux. C’est un fait. Le pommier, lui, vit toujours seul. Le pommier sauvage, s’entend. Mais tout pommier guette le moment de redevenir sauvage, de vivre seul à nouveau, avec de tous petits fruits, acides et jolis (pas enflés du tout). Vrai, on n’aurait pas cru ça du pommier.
Il devait retenir son oeil avec du mastic. Quand on en est là...
Un veau voulait naître à nouveau. C’était pour quelques observations à faire, prétendait-il, qu’il n’avait pu faire. Ce veau, on le devine, était un garçon. Seul, un jeune homme peut ainsi se tromper sur soi.
Les jeunes consciences ont le plumage raide et le vol bruyant.
Muet, gardé par deux sourds, attend un signe.
Qui s’est abaissé devant une fourmi, n’a plus à s’abaisser devant un lion.
Jugé indigne de barreaux d’honneur, je fus mis en prison.
Il n’y a pas de preuve que la puce, qui vit sur la souris, craigne le chat.
Après deux cents heures d’interrogatoire ininterrompu, Bossuet aurait avoué qu’il ne croyait pas en Dieu.
(*) Henri Michaux, Face aux verrous, NRF, Poésie/Gallimard.
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