Pierre Pestieau
En économie comme ailleurs, il existe des indicateurs qui peuvent prendre des valeurs comprises entre 0 et 1 ou entre 0 et 100%. 1 ou 100% correspond à la perfection. Est-elle atteignable ou souhaitable ? Je me souviens d’un collègue, disparu depuis, qui, quand il avait un étudiant qui avait remis une copie sans fautes, lui attribuait la note 18/20 avec le commentaire : 20 c’est pour Dieu et 19 c’est pour moi. En fait pour beaucoup de grandeurs, la perfection serait plutôt représentée par le chiffre 0. C’est le cas de la pauvreté, du chômage, des inégalités et de la maladie.
On peut faire mieux que 100%. Il y a 50 ans, le candidat à la présidence américaine, Georges McGovern assurait le sénateur Eagleton, son choix pour la vice-présidence, de son soutien à 1000% avant de s’en séparer quelques jours après.
Quelle que soit la manière dont on la mesure, la perfection n’est pas toujours souhaitable. Elle frise l’excès. En témoignent les expressions avec ‘trop’. On ne tient pas à être trop bon, trop honnête, trop gentil . Pour paraphraser Raymond Devos, il vaut mieux être aimable que trop aimable. Ou la chanson de Lomepal que mon petit-fils vient de me faire découvrir : « Trop beau pour être vrai. »
Il semblerait que l’eau absolument pure serait imbuvable et que l’air absolument pur serait irrespirable. Même remarque lorsque 0 et non 100% représente la perfection. Il y a quelques jours je voyais une affiche avec en grandes lettres « Tolérance zéro au harcèlement sexuel ». Objectif hautement louable mais impossible dans le meilleur des mondes, Même remarque pour la politique dite de « la tolérance zéro » du tristement célèbre Rudolph Giuliani alors maire de New York.
Pour revenir à l’économie, on sait qu’une société a besoin d’une certaine inégalité des revenus afin de stimuler tout un chacun à faire mieux que la moyenne. On peut le regretter et espérer qu’un jour on trouve une société où l’égalité selon les besoins soit la norme, un peu comme dans la famille idéale. Quant à l’emploi, on sait qu’un marché de l’emploi fonctionnel implique un certain taux de chômage, que l’on qualifie de frictionnel et qui correspond à des périodes d’attente entre deux emplois. Ici aussi, on peut rêver d’un monde où tout le monde aurait un travail et où le passage d’un job à l’autre se ferait sans friction. Il n’est pas interdit de rêver.
Le Paradis qui devrait évoquer la perfection paraît fort ennuyeux. A tel point que certains optent pour l’enfer.
Je donne un 18/20 pour cet article de Xavier... car je réserve le 20 à Victor (hé, oui, je ne suis pas objectif) et le 19 à moi (hé , oui, je ne suis pas objectif).
RépondreSupprimerCet article m'a beaucoup amusé. TB
Merci pour ce très chouette article ;
RépondreSupprimerpersonnellement, je donnerais 20/20
... par esprit de contradiction, héhé ;-)
18 et plus, étoiles inaccessibles durant ma période étudiante. Merci pour ce blog et bonjour à Victor, perdu de vue
RépondreSupprimerDaniel Demortier