Pierre
Pestieau
J’ai
récemment eu l’occasion de voir Amour, un film franco-autrichien réalisé par Michael Haneke. Il a obtenu la Palme d'or au Festival de
Cannes 2012 et est
nommé pour deux Césars en 2013. Sans déflorer la maigre intrigue, en
voici le synopsis. Georges et Anne sont octogénaires ; ce sont des gens
cultivés, professeurs de musique à la retraite. Leur fille, également
musicienne, vit à l’étranger avec sa famille. Un jour, Anne est victime d’une
petite attaque cérébrale. Lorsqu’elle sort de l’hôpital et revient chez elle,
elle est paralysée d’un côté. L’amour qui unit ce vieux couple va être mis à
rude épreuve.
Ce film est émouvant et déconcertant comme tous
les films d’Haneke. J’y ai aussi retrouvé deux acteurs
que j’aimais déjà il y a 50 ans, Emmanuelle Riva et Jean Louis Trintignant. Que de chemin
parcouru. Mais là n’est pas le sujet.
Le film présente de façon fine et pertinente deux
types de maltraitance discrète : celle d’une infirmière et celle de la
fille du couple. Ces deux personnages sont surpris quand Georges le leur
reproche. Elles croient toutes les deux bien faire à leur manière; et pourtant si elles pouvaient voir le film, elles
se rendraient compte l’une et l’autre à quel point elles manquent d’empathie non
seulement pour Anne, mais aussi pour Georges.
La fille, jouée par Isabelle Huppert, ne supporte
pas l’état de sa mère et croit tout résoudre en l’envoyant dans une maison de
retraite médicalisée que dans son raisonnement de femme pressée elle tend à idéaliser.
Elle n’est pas sensible à la demande de sa mère de ne plus quitter son
appartement et en quelque sorte d’y mourir. Elle n’est pas sensible à l’amour
que son père porte à sa mère et dans lequel il trouve un sens à ces derniers
mois de vie.
L’aide-soignante croit qu’elle peut traiter Anne
comme un parquet que l’on doit astiquer. Elle la lave et la coiffe avec rudesse
et force Anne à en contempler le résultat dans le miroir alors que celle-ci
veut éviter de voir les marques de sa déchéance. Elle parle à Anne comme on ne
devrait déjà pas parler a un bébé, ce qui insupporte Anne.
Ces attitudes ne sont pas rares et là est tout le problème.
Sur qui peut-on vraiment compter en cas de dépendance ? Sur la chance, la
chance d’avoir un époux amoureux, des enfants empathiques et des
aides-soignantes humaines. D’aucuns diront que la chance se mérite. Je n’en
suis pas sûr.
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