Pierre
Pestieau
Dans un de
ses meilleurs romans Les intermittences
de la mort, José Saramago, Prix Nobel 2005 de littérature (1) nous présente
ce qui adviendrait si nous devenions soudain immortels. Cette dystopie (2) se
déroule dans un pays sans nom où se produit un événement extraordinaire qui
plonge la population dans l’euphorie : plus personne ne meurt. Mais le
temps, lui, poursuit son œuvre, et l’immortalité se révèle n’être qu’une
éternelle et douloureuse vieillesse. L’allégresse cède la place au désespoir et
au chaos : les hôpitaux regorgent de malades, les familles ne peuvent plus
faire face à l’interminable agonie de leurs aînés, les entreprises de pompes
funèbres ferment, les compagnies d’assurance sont ruinées, une maphia (c’est
ainsi que Saramago l’appelle) s’organise pour transporter les vieux qui veulent
mourir dans le pays voisin, l’État est menacé de faillite et l’Église de
disparition, car, sans mort, il n’y a pas de résurrection et, sans résurrection,
il n’y a pas d’Église. Chacun cherche alors la meilleure façon, ou la pire, de
mettre fin au cauchemar de la vie éternelle jusqu’au jour où la mort décide de
reprendre du service.
Dans l’œuvre
de Saramago, l’immortalité surgit à état de santé donné. Le taux de dépendance
effectif, à savoir le rapport entre ceux qui ne peuvent plus travailler pour
raison de santé et ceux qui le peuvent ne cesserait d’augmenter pour tendre
vers l’infini. Saramago aurait aussi pu imaginer que longévité et santé
évolueraient de pair. Dans ce cas,
le taux de dépendance resterait constant. Il est intéressant de se demander ce
que seraient les implications d’une telle situation si elle avait perduré. Dans
l’hypothèse choisie par l’écrivain portugais, il est clair que le monde devait
s’écrouler après quelque 60 ans, dès que ceux qui sont nés au moment où
l’événement s’est produit auraient atteint l’âge où ils ne seraient plus
capables de travailler. La production tomberait à 0. Dans l’hypothèse où l’état
de santé s’améliorerait avec le vieillissement, la société ne serait pas vouée
à disparaître mais le salut devrait passer par la fécondité. Très rapidement,
le plus rapidement possible, pourrait-on espérer, l’humanité comprendrait
qu’elle ne doit plus se reproduire. Se poserait alors la question de ce qu’est
la taille optimale de la population comme celle de sa taille limite, où chacun
consomme son niveau de subsistance. Qu’adviendrait-il si l’humanité devenait
immortelle ? Est-on assuré que les individus et les nations auraient la
sagesse de limiter, voire mieux d’arrêter les naissances ? Que deviendrait
une société dont les membres vieilliraient tous ensemble ? Ce sont là des
interrogations qui peuvent paraître sans intérêt. Et pourtant l’accroissement
constant de la longévité sur une planète qui connaît de nombreuses limites
soulève des questions économiques et éthiques qui n’en sont pas tellement
éloignées.
Supposons
que la terre ne puisse décemment accueillir plus de 10 milliards
d’habitants ; supposons en outre que la longévité continue de croître d’un
an tous les 5 ans ; supposons enfin que l’humanité puisse choisir entre
une population à forte fécondité et basse longévité ou une population à faible
fécondité et longévité élevée. Ce choix qui peut paraître choquant se fait déjà
et continuera de se faire au niveau des individus comme à celui de la nation.
En poussant ce choix à son paroxysme, la fable de Saramago
permet d’en souligner toutes les implications. Dès lors que l’on admettra que
notre planète est une sorte de vaisseau spatial dans lequel les places sont
comptées, toute décision individuelle qui prolonge la vie (contrôle des
consommations et comportements à risque : tabac, alcool, manque d’exercice,
obésité) aura des implications sur le taux de fécondité et vice versa.
Parallèlement toute politique publique dans le domaine de la santé, de la
sécurité routière, et des habitudes alimentaires aura des conséquences sur la
croissance démographique.
On peut
rapprocher la dystopie de Saramago de celle de P. D. James parue en 1993 dans Children of Men, dont le cadre est le Royaume-Uni en proie au chaos. Pandémies, guerres et terrorisme conduisent les femmes à devenir stériles, menant ainsi
l'humanité à l'extinction. Un excellent film de science-fiction, réalisé par Alfonso Cuaróns en 2006 a été tiré de ce roman. Comme chez Saramago, cette
situation ne se prolonge pas et la vie reprendra son cours normal. Mais si
cette situation devait durer, la seule chance pour l’humanité est précisément
la vie éternelle. On retrouverait la situation cauchemardesque où mille ans
après le début de la stérilité généralisée, les nouveaux nés d’alors auraient
1000 ans et les centenaires d’alors auraient 1100 ans. Comme, par hypothèse, la
santé aurait progressé de concert, les uns et les autres seraient en bonne
forme. Du point de vue économique, il n’y aurait pas de problème. Le problème
serait ailleurs : l’homme est il capable de se supporter lui-même et de
supporter ses contemporains pendant une éternité (3). Voilà une question que
nous pourrions confier à nos collègues expérimentalistes.
(1) José Saramago, Les intermittences de la mort, Paris : Le Seuil, 2008.
(2) Une dystopie — ou contre-utopie — est une fiction peignant une société
imaginaire, organisée de façon à empêcher ses membres d'atteindre le bonheur,
et contre l'avènement de laquelle l'auteur entend mettre en garde le lecteur.
(3) Ceci nous renvoie à la nouvelle de Borges, « L’immortel », consacré à la vanité de la quête de l'immortalité
alors que ce qui motive chacun de nous est de se savoir mortel. Un Romain qui a
servi dans les armées de César trouve un fleuve qui lui donne l'immortalité,
puis passera des siècles à chercher le ruisseau qui pourra le rendre à nouveau
mortel. Cette nouvelle a été reprise dans le recueil de nouvelles Aleph, Paris : Gallimard, 1966.
Le Prix Nobel
RépondreSupprimerMondialement connu, le prix Nobel n’est certainement plus un nouveau mot. Ayant récompensé de nombreuses personnalités, le prix Nobel reste une source d’inspiration pour des chercheurs et de grandes personnalités soucieux d’aider l’humanité. Pour une meilleure compréhension des conditions d’attribution de ce grand prix, il est important de le définir.
Qu’est ce que le prix Nobel ?
Décerné chaque année à Stockholm, en Suède, le prix Nobel revient à des scientifiques, à des politiciens et à toute personne ayant grandement participé à l’amélioration de l’humanité. Ce prix donne droit à...lisez ici la suite http://stockholm.fr/le-prix-nobel/
Le Prix Nobel
RépondreSupprimerMondialement connu, le prix Nobel n’est certainement plus un nouveau mot. Ayant récompensé de nombreuses personnalités, le prix Nobel reste une source d’inspiration pour des chercheurs et de grandes personnalités soucieux d’aider l’humanité. Pour une meilleure compréhension des conditions d’attribution de ce grand prix, il est important de le définir.
Qu’est ce que le prix Nobel ?
Décerné chaque année à Stockholm, en Suède, le prix Nobel revient à des scientifiques, à des politiciens et à toute personne ayant grandement participé à l’amélioration de l’humanité. Ce prix donne droit à un montant de un million d’euros destinés à encourager les lauréats dans leur recherche. Création littéraire, découverte scientifique, acte de paix, les conditions d’attribution du Prix Nobel concernent tous les secteurs. Existant depuis plus d’un siècle, le prix Nobel a reçu son nom du fameux scientifique suédois Alfred Nobel.
Qui était Alfred Nobel?
Chimiste suédois connu pour avoir créé la dynamite, Alfred Nobel dédie la totalité de sa fortune à la mise en place d’une institution reconnaissant les plus importantes inventions de l’humanité. Propriétaire d’une grande entreprise d’armement, il aura également donné son nom à un élément chimique le nobélium. N’ayant pas eu d’enfants, l’important legs de ce scientifique suédois a permis de mettre en place la fondation dédiée à la reconnaissance des...lire la suite http://stockholm.fr/le-prix-nobel/
Qu’est ce que le prix Nobel ?
SupprimerDécerné chaque année à Stockholm, en Suède, le prix Nobel revient à des scientifiques, à des politiciens et à toute personne ayant grandement participé à l’amélioration de l’humanité. Ce prix donne droit à un montant de un million d’euros destinés à encourager les lauréats dans leur recherche. Création littéraire, découverte scientifique, acte de paix, les conditions d’attribution du Prix Nobel concernent tous les secteurs. Existant depuis plus d’un siècle, le prix Nobel a reçu son nom du fameux scientifique suédois Alfred Nobel.
Qui était Alfred Nobel?
Chimiste suédois connu pour avoir créé la dynamite, Alfred Nobel dédie la totalité de sa fortune à la mise en place d’une institution reconnaissant les plus importantes inventions de l’humanité. Propriétaire d’une grande entreprise d’armement, il aura également donné son nom à un élément chimique le nobélium. N’ayant pas eu d’enfants, l’important legs de ce scientifique suédois a permis de mettre en place la fondation dédiée à la reconnaissance de...lire la suite ici http://stockholm.fr/le-prix-nobel/