Victor Ginsburgh
J’avais en juillet 2012, accumulé 57.444
« miles de prime », 8.037 « miles de statut » et 6
« segments de vol ». Je n’ai jamais compris ce que ce galimatias (ou
plutôt ce charabia) signifiait, mais bon, ça s’accumulait de façon régulière. En
tout cas quand je n’oubliais pas de présenter ma carte au moment de
l’enregistrement, comme si cette accumulation ne pouvait pas se faire
automatiquement au moment de la réservation du billet.
Je comprends bien que nos compagnies aériennes
comptent sur les oublis des passagers (empêtrés, au moment de l’enregistrement
dans les documents, billets, passeport, bagages) pour économiser quelques centimes
par-ci par-là, et au prix où est le kérosène on les comprend. C’est en tout cas
moins dangereux que les économies de carburant faites par Ryan Air…
Il se fait qu’en janvier 2013, je devais partir à
Toulouse. J’avais vérifié le prix du vol à la mi-décembre (quelque € 200) et sur
ce, ai demandé à mon agence de voyage d’utiliser mes miles pour payer.
Impossible, me répond-on, il faut téléphoner à Brussels Airlines. Ce que je
fais aussi sec. Je vous confie le numéro : 0902 51600, mais vous verrez
d’ici peu que je vous déconseille de l’utiliser. Arnaque en vue.
Après cinq minutes d’attente en ligne (facturées, me
dit une charmante voix, à un euro la minute « au maximum » !),
je suis reçu par une autre charmante voix qui ne me facture rien pour le moment,
mais cela va venir.
« Je voudrais », chère voix, « réserver
un billet AR Bruxelles-Toulouse et payer avec mes miles, en classe ‘light’ s’il
vous plaît ».
« Ah ! si vous voulez payer avec vos miles,
il n’y a plus de place en light, il faut aller en classe bizness ».
Vous savez tous que la classe bizness sur les vols
européens ressemble à la classe light comme se ressemblent deux gouttes d’eau,
sauf que votre sandwich un peu amélioré est gratuit et que vous recevez un
petit coup de champagne (qui n’est pas du Krug millésimé). Mais le prix du vol est
évidemment à l’avenant. Alors que light coûtait € 200, le bizness coûtait plus
de € 400.
Ah ! bon, mais comme je perdais de toute façon
44.000 de mes miles si je ne réservais pas de vol avant la fin décembre—inutile
de dire que je ne comprends pas la raison de cette dé-cumulation automatique,
mais soit—je me suis laissé faire.
Coût : 45.000 miles accumulés, pas trop grave,
puisque j’en perdais 44.000 en ne faisant rien. Donc dis-je à la charmante
voix, « avec cela j’ai mon billet gratuit ». « Pas du tout »
rétorque la voix, toujours aussi charmante, « vous devez payer € 133 de
taxes d’aéroport ».
C’est un peu moins que 200, donc allons-y quand
même.
Résultat des mes miles accumulés : ils m’ont
permis d’économiser € 67 (€ 200 pour le billet light moins € 133 de taxes) et
j’ai donc reçu 67/45.000, soit un dixième d’euro-centime par mile accumulé, si
on peut ainsi les appeler.
Ce n’est pas fini. Je viens de recevoir mon nouveau
décompte de miles. Il me reste 13.000 « miles de prime », ce qui est
logique, mais aussi 0 « mile de statut » et 0 « segment de
vol ».
Quelle bonne affaire. Quels braves gens la SN
Airlines. Mais ils nous prennent quand même pour des cons. Et sans doute le
sommes-nous.
P.S. Me voilà revenu. Ce n’était évidemment pas du
Krug millésimé, mais c’est quand même mieux que les vols de cloche que je me
paie d’habitude. Sauf qu’il faut encore prendre le train pour Bruxelles, avec
les valises sur les genoux, parce que la société nationale belge des chemins de
fer n’a toujours pas compris que les voyageurs qui vont et reviennent de
l’aéroport ont parfois des bagages, tout en payant, outre le prix du billet, €
8 de taxes, justement appelées diabolo. Et puis, comme point final à Bruxelles,
l’horrible gare du Midi. Au moins à Liège, pays de mon ami blogueur Pierre Pestieau, la nouvelle gare de
l’architecte Calatrava vaut le détour.
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