Victor Ginsburgh
Je reviens de loin mais, rassurez-vous, et en dépit
de ce que dit le joli proverbe allemand à propos de la dernière chemise qui
n’a pas de poches (1), je voyage avec mon ordinateur qui, à tort ou à
raison, me garde en contact avec le reste du monde. En tout cas dans les
aéroports et gares où l’accès à l’internet et au courriel (comme disait déjà Molière)
sont possibles. C’est le cas à Helsinki, Tokyo, Vienne, Toulouse, Newark, Abu
Dhabi, Sydney, Adelaide et même à Kiev, Odessa, Moscou ou Ekaterinburg, bref
dans le monde dont on dit qu’il est « démocratique », y compris sans
doute à Naypyidaw, capitale du Myanmar qui vient d’accéder à cette
qualité. Je n’ai essayé ni Pyong-Yang, ni Pékin, ni Tel Aviv, ni Minsk durant
ces dernières années.
Mais à l’aéroport, comme dans les gares de
Bruxelles, capitale de la soi-disant Europe de l’Islande à Chypre, il faut payer
ce service dont le coût marginal est nul.
Le problème n’est pas tant les quelques euros que les
sociétés qui ne se mouchent jamais du pied, chargent à l’heure (jamais utilisée
dans sa totalité, d’ailleurs), mais les acrobaties à exécuter pour se brancher
sur le réseau. Il faut une carte de crédit acceptable, en découvrir le numéro
qui se trouve sur l’avers comme sur le derrière (on se demande d’ailleurs à
quoi il sert, je parle du numéro bien sûr, pas du derrière) pour être, selon le
temps qu’il fait, accepté ou refusé et voir l’avion ou le train envolés, pour
une fois sans retard.
La remarque sur les Thalys est particulièrement
subtile et signale :
« WiFi internet à bord pour tous. Profitez
d’une connexion WiFi accessible dans tous nos trains quelle que soit leur
classe de confort choisie. En Comfort 1 ce service est gracieusement
offert ».
Je suppose que la classe confort avec N est
différente de la classe Comfort 1 avec M, bien plus gracieuse, ce qui explique
tout, évidemment.
Est-il vraiment nécessaire et rentable de faire
payer de façon compliquée ce qui ne coûte rien—en tous cas à l’étranger—dans
ces aéroports et ces gares, où les retards des avions et des trains, y compris
des Thalys et autres TGV, sont annoncés par un laconique « veuillez
nous excuser, nous sommes irresponsables ». En attendant le miraculeux
train Bruxelles-Amsterdam qui roule à 300 Km/H mais s’enrhume à la vue d’un
flocon de neige. Moi aussi d’ailleurs, mais je ne suis pas un train.
A quand l’internet gratuit à l’aéroport et dans les
gares de la capitale de l’Europe ? Ca compenserait un peu les trente
minutes d’attente pour voir apparaître les bagages et les trimballer entre
l’aéroport et Bruxelles, dans ce train où rien n’est prévu pour déposer la
moindre valise, comme si c’était le dernier voyage : sans bagage et sans chemise
de rechange.
(1) Das letzte Hemd hat keine Taschen. Merci
M.B.