jeudi 13 juin 2013

La dernière chemise n’a pas de poches


Victor Ginsburgh

Je reviens de loin mais, rassurez-vous, et en dépit de ce que dit le joli proverbe allemand à propos de la dernière chemise qui n’a pas de poches  (1), je voyage avec mon ordinateur qui, à tort ou à raison, me garde en contact avec le reste du monde. En tout cas dans les aéroports et gares où l’accès à l’internet et au courriel (comme disait déjà Molière) sont possibles. C’est le cas à Helsinki, Tokyo, Vienne, Toulouse, Newark, Abu Dhabi, Sydney, Adelaide et même à Kiev, Odessa, Moscou ou Ekaterinburg, bref dans le monde dont on dit qu’il est « démocratique », y compris sans doute à Naypyidaw, capitale du Myanmar qui vient d’accéder à cette qualité. Je n’ai essayé ni Pyong-Yang, ni Pékin, ni Tel Aviv, ni Minsk durant ces dernières années.

Mais à l’aéroport, comme dans les gares de Bruxelles, capitale de la soi-disant Europe de l’Islande à Chypre, il faut payer ce service dont le coût marginal est nul.

Le problème n’est pas tant les quelques euros que les sociétés qui ne se mouchent jamais du pied, chargent à l’heure (jamais utilisée dans sa totalité, d’ailleurs), mais les acrobaties à exécuter pour se brancher sur le réseau. Il faut une carte de crédit acceptable, en découvrir le numéro qui se trouve sur l’avers comme sur le derrière (on se demande d’ailleurs à quoi il sert, je parle du numéro bien sûr, pas du derrière) pour être, selon le temps qu’il fait, accepté ou refusé et voir l’avion ou le train envolés, pour une fois sans retard.

La remarque sur les Thalys est particulièrement subtile et signale :

« WiFi internet à bord pour tous. Profitez d’une connexion WiFi accessible dans tous nos trains quelle que soit leur classe de confort choisie. En Comfort 1 ce service est gracieusement offert ».

Je suppose que la classe confort avec N est différente de la classe Comfort 1 avec M, bien plus gracieuse, ce qui explique tout, évidemment.

Est-il vraiment nécessaire et rentable de faire payer de façon compliquée ce qui ne coûte rien—en tous cas à l’étranger—dans ces aéroports et ces gares, où les retards des avions et des trains, y compris des Thalys et autres TGV, sont annoncés par un laconique  « veuillez nous excuser, nous sommes irresponsables ». En attendant le miraculeux train Bruxelles-Amsterdam qui roule à 300 Km/H mais s’enrhume à la vue d’un flocon de neige. Moi aussi d’ailleurs, mais je ne suis pas un train.

A quand l’internet gratuit à l’aéroport et dans les gares de la capitale de l’Europe ? Ca compenserait un peu les trente minutes d’attente pour voir apparaître les bagages et les trimballer entre l’aéroport et Bruxelles, dans ce train où rien n’est prévu pour déposer la moindre valise, comme si c’était le dernier voyage : sans bagage et sans chemise de rechange.



(1) Das letzte Hemd hat keine Taschen. Merci M.B.

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