Pierre Pestieau
A la question « Vaut-il mieux être bien soigné
ou avoir l’impression d’être bien soigné? »,
on ne peut que répondre: les deux, mon général (1). Mais supposons que cela
ne soit pas possible. Cette réflexion m’est venue en lisant un article (2) qui
sera présenté à l’occasion du prochain congrès
des Economistes Belges de Langue Française (excusez du peu). Les auteurs nous
révèlent que les Belges sont, parmi les Européens, ceux qui sont les plus
satisfaits de leur assurance maladie invalidité mais que tout à la fois, objectivement, cette assurance présente une
série de lacunes graves. Par exemple, la part des soins non remboursés est plus
élevée que chez nos voisins et les reports
ou annulations de soins de santé pour raison financière sont en hausse.
On ne
trouve pas la même satisfaction chez certain de nos voisins européens dont le
système de santé est sensiblement plus performant que le nôtre. Cette
différence entre perception et réalité n’est pas propre au système de santé.
Pendant très longtemps les Français et les Allemands étaient convaincus qu’ils
avaient les meilleures écoles du monde alors que les enquêtes PISA indiquaient
le contraire. Ces enquêtes ont d’ailleurs joué un rôle de révélateur. On ne
trouve plus, aujourd’hui, ce sentiment d’autosatisfaction chez nos grands
voisins.
Si
l’on voulait être cynique, on pourrait penser qu’une certaine vision de la
politique revient à jouer sur les perceptions et non plus sur les réalités.
C’est moins coûteux et dans le court terme cela permet de gagner les élections.
Mais je ne veux pas tomber dans un
populisme cynique qui ne nous mène nulle part.
(1) Cette expression viendrait
d'une histoire drôle dont je raconte une variante à mes petits enfants.
La veille d'une inspection par
un général les soldats sont prévenus : le général passera les troupes en revue
et posera alors des questions dans cet ordre :
- De quand date votre
affectation ? Il faudra répondre 6 mois.
- Quel âge avez-vous ? Il
faudra répondre 20 ans.
- Préférez-vous les choux ou
les patates ? Il faudra répondre : les deux mon général.
Le lendemain un soldat répond
aux questions du général :
- Quel âge avez-vous ?
- Six mois mon général.
- Depuis quand êtes vous ici ?
- Vingt ans mon général.
-Vous me prenez pour un abruti
ou un imbécile ?
- Les deux mon général !
(2) Erik Schokkaert et Carine Van de Voorde, Equity in the Belgian health
system Actes du XXème Congrès des Economistes Belges de langue française, Le modèle social
belge, CIFOP, Charleroi, à paraître 2013.
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