Désespérés
comme nous l’étions par le monde, par la peur, par le sang, le seul refuge qui
nous restait était la terre. Nous nous y sommes enterrés vivants
(Amir
Nizar Zuabi, Haaretz).
Les Israéliens creusent des tunnels dans le ciel de Gaza et « leurs
‘héroïques’ pilotes se battent contre les plus faibles, les plus démunis qui
n’ont ni force aérienne, ni même défense aérienne ; assis dans leur
cockpit, les pilotes israéliens poussent sur des boutons et des joysticks et ne
voient ni le blanc des yeux ni le sang de leurs victimes » écrit Gideon
Levy éditorialiste du Haaretz (1).
Comme le ciel de Gaza n’appartient pas à ses habitants, ceux-ci ont bien
été obligés d’inventer des tunnels dans les sous-sols. Mais comme l’écrit Amir
Oren (2), « les tunnels doivent être enlevés quand ils sont encore
petits ».
« Et pendant que j’écris ceci », continue-t-il « un dénommé
Mohammed, alias Ahmed, est en train de creuser un tunnel de sa cuisine à
Qalqilyah [situé dans les territoires occupés] en direction de la chambre à
coucher de Mme Rosenberg demeurant à Kfar Sava [Etat d’Israël]. Elle a entendu
forer, elle en est sûre. Non, non, ce n’étaient pas mes voisins… Quand elle
arrive le soir chez elle et allume les lumières, elle est presque sûre de
trouver Ahmed en train de l’attendre.
« Les tunnels sont la dernière mode de l’été. Aucun secteur qui se
respecte ne pourrait admettre qu’il n’a pas le sien. D’ailleurs, on connaît
leur existence depuis neuf ans, et celle-ci a même été rapportée par la presse
… Depuis lors, les populations dans le nord d’Israël entendent des bruits qui
résultent indiscutablement des forages.
« Mais les vrais forages ont lieu dans les bureaux de l’armée qui
cherche désespérément qui a dit quelque chose à leur sujet, et quoi. Il y a une
dizaine d’années, un officiel de l’armée aurait dit au Comité de la Défense du
Parlement israélien [Knesset] que les tunnels pourraient être une bonne façon
pour les habitants de Gaza d’importer des biens d’Egypte et réduire ainsi la
pression sur Israël, sans mettre le pays en danger. Un autre officier de
l’armée aurait dit il y a cinq ans que dépenser les deniers publics à du
matériel de détection ne valait pas la peine.
« Et de plus », ajoute Amir Oren, « si on se mettait à
éliminer
ces tunnels, ils pourraient réapparaître dans d’autres régions
d’Israël, et Mme Rosenberg sera finalement attaquée, parce que tous ceux qui
nous entourent (Palestiniens, Libanais et autres) vont aussi commencer à
creuser ».
Et puis ces tunnels inspirent les artistes rabroués dans leur enfance.
Voyez le joli dessin que depuis qu’il est (re)devenu artiste, M. Netanyahou a
envoyé (3) à sa population pour montrer que les tunnels du Hamas mènent en
ligne presque droite des hôpitaux, mosquées et homes de Gaza dans les jardins
d’enfants israéliens. Ce dessin est accompagné d’un élégant texte écrit par le
même artiste.
Il y a eu de tout temps des artistes non reconnus qui se révèlent tout à
coup.
***
En hébreu le mot mechila qui signifie
tunnel signifie aussi clémence ou pardon (4). Mais ces mots sont encore absents du vocabulaire de M. Netanyahou.
A quand la prochaine guerre qui lui permettra aussi de devenir poète ?
(1) Gideon Levy, Lowest deeds
from loftiest heights, Haaretz, July
15, 2014. http://www.haaretz.com/opinion/.premium-1.605001
(2) Amir Oren, The dangers of
tunnel vision, Haaretz August 4,
2014.
(3) Son twit a disparu de la
toile, mais on peut encore le trouver sur http://972mag.com/were-gaza-tunnels-built-to-harm-israeli-civilians/95279/. Les tunnels étaient en fait destinés à capturer des
militaires de l’armée israélienne. Voir Were Gaza tunnels built to harm Israel
civilians ?, Blog +972 Magazine, August 11, 2014. http://972mag.com/were-gaza-tunnels-built-to-harm-israeli-civilians/95279/
(4) Le film Mechilot
(pluriel de Mechila) dirigé en 2006 par l’israélien Udi Aloni, commence par le
texte suivant : « Le 9 avril 1948, une milice juive est entrée dans
le village palestinien de Deir Yassin et y a tué plus de cent villageois. Peu
après, on a construit sur ses ruines, un hôpital pour malades mentaux. Les
premiers patients ont été des survivants de la shoah. Une légende raconte que
jusqu’à ce jour, les survivants ont communiqué avec les fantômes du
village. » Voir le post scriptum d’Udi Aloni dans son article The swan
song of the Israeli left, Mondoweiss,
July 24, 2014 http://mondoweiss.net/2014/07/song-israeli-left.html
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