jeudi 4 septembre 2014

Charleroi la Belle


Victor Ginsburgh

Charleroi vu du ring le jour
Il y aurait, relate un article récent diffusé par la RTBF (1), plus de 250 rues qui portent le même nom (sic) à Charleroi, une « ville » si on peut ainsi appeler cet endroit entouré d’une magnifique autoroute (appelée ring) érigée à une hauteur de quelque 20 ou 30 mètres. C’est aussi beau à voir d’en bas que d’en haut ; d’ailleurs quand on est en haut, on se croirait sur le mur d’enceinte de la ville qui nous protège des hordes qui ne peuvent être que barbares. Ladite ville doit être dirigée par les socialistes à peu près depuis que les légions romaines ont conquis cette terre qui de toutes le régions de la Gaule était la plus brave (2). Mais les Carolos sont aussi fiers, parce qu’en 2011, il y avait 386 rues qui portaient le même nom, donc un progrès considérable a été fait sans aucun doute depuis que, comme le Beaujolais, le Bourgmestre Nouveau est arrivé.


En pensant au Bourgmestre Nouveau (BN dans la suite), j’ai d’ailleurs compris la raison du nombre 386. Il faut savoir que malgré une certaine réglementation au Parti Socialiste (PS dans la suite) qui est (tout) contre le cumul des mandats, le BN était aussi Président du PS, en remplacement de l’ancien Président qui était devenu Premier Ministre du gouvernement fédéral de l’Etat Belgique. Du coup, il y a deux rues qui portent le nom de BN : une avec en sous-titre « Bienaimé Bourgmestre bienaimé », l’autre avec « Bienaimé Président du Parti (ff) bienaimé». Depuis lors, les choses ont un peu changé dans ce territoire de braves. L’ancien Premier Ministre du gouvernement fédéral a perdu son emploi, et est redevenu simple Président du PS, mais heureusement, le BN a trouvé un autre poste, celui de Ministre-Président de la Wallonie. Et hop, ça lui fait une troisième rue à son nom, avec un nouveau sous-titre. Pardon, une troisième et une quatrième, l’une comme Ministre et l’autre comme Président. Et voilà comment quatre rues de Charleroi portent maintenant le même nom (3).

Il est alors facile d’imaginer ce qui s’est passé depuis que
Charleroi vu du ring la nuit 
Jules César a quitté cette belle région. Un petit calcul vite-fait-bien-fait. Il faut d’abord estimer le nombre de bourgmestres qui ont régné à Charleroi depuis -51 av. J.C. (date de la victoire dudit Jules en Gaule). Evidemment, comme ils sont depuis toujours membres du PS, le règne de chacun est long, disons 21,39 ans en moyenne, ce qui nous fait 96,5 bourgmestres en 2065 ans. A quatre postes et quatre noms de rues par tête, ça nous fait 96,5 fois 4 = 386 rues, exactement le nombre de 386 cité plus haut (4). Avant que n’arrive le BN qui a mis un peu d’ordre pour faire place à de nouveau noms, tels que Fédérico Garcia Lorca, Albert Einstein, Louise Michel, Albert Camus et Nelson Mandela, à condition, ajoute le Président de la Commission en charge de rafraîchir les noms, « que le conseil communal  nous suive ». Evidemment, il va vous suivre. Qui n’aimerait pas avoir son nom en quatre exemplaires au milieu de cette panoplie de célébrités?

Je propose d’ailleurs que l’Union Européenne fasse de Charleroi la prochaine capitale européenne de la culture. C’est bien mérité après Mons, la bonne ville dont l’actuel Président du Parti Socialiste et ancien Premier Ministre est maintenant redevenu bourgmestre.

Vive Charleroi ! 

(1) Charleroi : Plus de 250 rues portent encore le même nom, voir RTBF
(2) Selon Jules qui se disait César.
(3) En fait, le BN pourrait avoir 17 rues, puisqu’il a 17 mandats, dont 5 rémunérés. Voir http://www.cumuleo.be
(4) Le raisonnement est un peu foireux, mais vous admettrez que l’approximation est excellente quand même : exactement 386.



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