Pierre Pestieau
Je reviens d’un
voyage dans la Turquie de l’intérieur. Je ne connaissais jusqu’à présent
qu’Istanbul et pour la première fois je pénétrais dans l’Anatolie profonde pour
visiter la Cappadoce et la côte égéenne gréco-romaine. J’ai ainsi visité les églises
troglodytes de Cappadoce et à Ephèse, Konya et Pergame des sites archéologiques
redécouverts plus ou moins récemment. Entre autres, ce qu’il reste du Temple
d’Artémis, une des sept merveilles du monde. Et quasiment à l’entrée de chacun
d’eux on trouvait le ou les noms des donateurs public ou privés, le plus
souvent étrangers, qui clairement pallient l’impécuniosité de l’Etat Turc.
Cela me conduit à revenir sur la critique que j’ai l’habitude de faire à l’endroit des avantages fiscaux dont bénéficient les fondations qui se substituent ainsi à l’intervention à la fois plus universelle et plus conséquente de l’Etat. Cette critique demeure valable dans le cadre national. Je prendrai comme exemple actuel la campagne de publicité en faveur de donations à la recherche fondamentale encadrée par le FNRS (notre CNRS) et le slogan « Devenez donateur fondamental ». Alors même que nos différents gouvernements sapent dans les budgets de la recherche, on aimerait que les énergies citoyennes se mobilisent pour lutter contre cette évolution plutôt que se laisser distraire par l’illusion donatrice.
Il y a deux
raisons qui cependant pourraient justifier l’appui de fondations étrangères à
la sauvegarde du patrimoine archéologique d’un pays comme la Turquie.
D’abord, cet argent venant pour l’essentiel de pays « riches » représente un heureux transfert nord-sud. Ensuite, il est certain que sans cette aide extérieure, certains sites seraient irréversiblement perdus pour les générations futures. Les fondations ont parfois la capacité du fait de l’obstination d’un de leurs membres et une certaine spécialisation de se focaliser sur des projets auxquels même l’Etat le plus bienveillant n’accorderait aucune priorité.
D’abord, cet argent venant pour l’essentiel de pays « riches » représente un heureux transfert nord-sud. Ensuite, il est certain que sans cette aide extérieure, certains sites seraient irréversiblement perdus pour les générations futures. Les fondations ont parfois la capacité du fait de l’obstination d’un de leurs membres et une certaine spécialisation de se focaliser sur des projets auxquels même l’Etat le plus bienveillant n’accorderait aucune priorité.
Ni le marché, ni
l’Etat ne sont bons juges de ce qu’il faut absolument sauver dans le patrimoine
de l’humanité. Si l’on pense aux sept merveilles du monde, il n’en reste plus
qu’une, la pyramide de Khéops, indestructible par
construction. Peut être auraient-elles pu être sauvées par telle ou telle
fondation si elles avaient existé alors.
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