Victor Ginsburgh
Cent vingt-trois banques de la zone euro ont été soumises à ce qu’on
appelle des « stress tests » par la Banque Centrale Européenne pour
évaluer leurs moyens de résister à une nouvelle crise. Les résultats de ces
tests de santé financière au 31 décembre 2013 ont été annoncés dimanche 26
octobre 2014, après dix mois de travail auquel ont participé quelques milliers
d’employés de banque, de consultants, d’auditeurs pendant les 10 premiers mois
de l’année 2014 (1). Malgré tout ce beau monde, la présentation de ce dimanche
a été retardée, parce que des erreurs de dernière minute ont été découvertes
dans le rapport (notamment dans le cas d’une banque italienne).
Vingt-cinq banques (les chiffres varient de 23 à 25, selon les sources (2))
ont été recalées pour insuffisance de moyens, mais une dizaine d’entre-elles ne
doivent semble-t-il pas s’inquiéter, parce qu’elles avaient déjà pris des
mesures entre fin 2013 et le jour où le test est sorti. Mais...
Il en reste 14 ou 13 qui ne sont toujours pas débarrassées de leur rhume (et qui devront prendre des mesures), dont deux belges, Dexia (on pouvait s’en douter) et Axa Bank Europe, une filiale belge de l’assureur français. Aucune banque française n’est grippée, par contre.
Il en reste 14 ou 13 qui ne sont toujours pas débarrassées de leur rhume (et qui devront prendre des mesures), dont deux belges, Dexia (on pouvait s’en douter) et Axa Bank Europe, une filiale belge de l’assureur français. Aucune banque française n’est grippée, par contre.
J’ai trouvé assez amusant (si je puis ainsi m’exprimer) que dès la
publication, les (mé)faits belges ont reçu le pardon du Gouverneur de la Banque
Nationale de Belgique, qui monté sur son perchoir, a déclaré qu’aucune
des deux banques ne devra prendre de mesures pour remédier à la
situation (3).
En effet, Dexia est en voie de démantèlement, donc il n’y a aucun problème :
elle ne devra pas augmenter son capital. On se demande tout de même pourquoi,
s’il n’y a aucun problème, ladite banque a été soumise au test. Mais la finance
a ses raisons que la raison ne connaît pas.
Et Axa ne devra pas non plus prendre de mesures supplémentaires car elle a,
au cours de l’année 2014, « poursuivi ses ventes d’actifs liées à des
ventes non stratégiques pour diminuer son profil de risque et a procédé à des
augmentations de capital de telle sorte qu’elle satisfait dès à présent aux
exigences fixées par la BCE » (3).
On se demande quand même pourquoi elle n’a pas dans ce cas bénéficié des
mêmes droits que les dix autres qui ont été sorties de la liste des 24 (ou 25)
dont question plus haut.
Fortis et ING, filiales de groupes étrangers, ont réussi le test, mais le
Gouverneur n’est pas en mesure de préciser quels sont les résultats des deux
entités belges. « On espère en savoir plus dans quelques mois »
aurait-il ajouté.
La Banque Centrale Européenne a aussi découvert chez une ou plusieurs banques quelque 136 milliards d’euros de « prêts troubles ». Je
ne sais pas ce que « trouble » veut dire ici, si ce n’est peu clair, d’autant
plus que ces prêts avaient, d’après The
Economist (1), été jusqu’ici cachés par les banques.
Sinon, tout va donc très bien selon le Gouverneur, mais il ajoute que,
« ce n’est pas le moment de baisser les bras et de penser que tout est en
ordre ». Oui mais, est-ce en ordre ou n’est-ce pas en ordre. On aimerait savoir (4).
Et continue le même Gouverneur, le secteur bancaire belge doit poursuivre
ses efforts en matière de rentabilité « parce que le reste du monde le
fait aussi ».
Et cela n’a pas tardé, BNPFortis vient de m’appliquer un nouveau droit de
0,15 euros, appelé « droit d’écriture ». C’est quoi ça, comme si je ne
savais pas écrire.
(1) Stressful tests, The Economist, October 26, 2014, http://www.economist.com/news/business-and-finance/21628422-europes-banks-have-been-probed-some-have-been-found-wanting-who-stressful-tests
(2) BBC News en compte 24—Twenty-four European banks fail EBA
« stress test’, BBC News,
October 26, 2014, http://www.bbc.com/news/business-29777589. Le Monde parle de 25—La BCE
dicte sa loi aux banques, Le Monde,
28, octobre 2014.
(4) Comme le dit un
article du Monde du 29 octobre 2014 :
« Secteur bancaire : Tout va très bien, madame la Marquise ! La
BCE s’est voulue rassurante sur la bonne santé des banques eropéennes ;
les données qu’elle publie le sont beaucoup moins. »
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