Victor Ginsburgh
La Commission Européenne essaie depuis des années de réduire les frais de roaming, c’est-à-dire des différences de
prix des communications téléphoniques locales et à l’intérieur de l’Union
Européenne. Aux dernières nouvelles, le 15 juin 2017, les prix des
communications internationales seront égaux aux prix des communications
nationales (1). Le Commission part aussi en guerre contre le géoblocage. Ce dernier rend impossible
de voir certains programmes étrangers sur le web en Belgique. C’est notamment
le cas pour l’émission Secrets d’Histoire
de Stéphane Bern (2), qui est pourtant loin d’être érotique. Je parle de
l’émission, pas de son présentateur.
Exemple de gabelle |
Entretemps, les droits de douane et le risque de change ont tous deux
disparu depuis longtemps, mais la gabelle sur le livre continue d’être perçue
par trois sociétés qui n’ont aucune raison si ce n’est d’avancer leur gamelle
et d’attraper la baballe de la tabelle : Interforum Benelux (Pocket,
Nathan et Le Robert), Dilibel, filiale de Hachette (Albin Michel, Le Livre de
Poche, Larousse) et Nord-Sud (Jouvence, Economica, Présence Africaine) (3). La plus importante de ces sociétés est
Dilibel, une filiale de Hachette, qui distribue à peu près 50 à 60% des livres
français en Belgique.
Voici la réponse sibylline faite par Le
Monde à quelqu’un qui a récemment essayé d’acheter le numéro spécial sur
Einstein édité par ledit journal, parce qu’elle ne le trouvait pas en Belgique :
« Votre demande nous est bien parvenue et nous vous en remercions. Malheureusement, il nous est impossible d'expédier nos produits (CD, livres
d'art, DVD) à l'étranger en raison des droits d'auteur. Toutefois, si
vous disposez d'une adresse en France métropolitaine, nous vous invitons à
passer votre commande en utilisant cette adresse de livraison.
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et ses publications ».
On peut se demander pourquoi l’Association des Editeurs Belges (ADEB)
« particulièrement attentive à l’évolution du secteur [du livre] »
(4) de même que le Service général des Lettres et du Livre (SGLL) de la
Fédération Wallonie Bruxelles (5), « chargée de la promotion du livre, de
la littérature, des auteurs, des éditeurs et des librairies » attendent
qu’il n’y ait plus de librairies en Belgique, si ce n’est dans les
supermarchés.
Achetez néanmoins le petit ouvrage de Paul Veyne, Palmyre dont la quatrième de couverture illustre mon article. De
préférence chez amazon.fr, même s’ils ont fait souffrir mon ami Pierre.
[Une version légèrement différente de cet article a paru dans La Libre du 13 mars 2016.]
(1) http://ec.europa.eu/digital-agenda/en/roaming-tariffs et http://www.consilium.europa.eu/en/press/press-releases/2015/06/30-roaming-charges/
(2)
Jean François Sacré, La Commission européenne part en guerre contre le géoblocage,
L’Echo, 2 septembre 2015.
(3)
Voir Pourquoi les livres sont plus chers en Begique, Le Vif, 5 mai 2015. http://www.levif.be/actualite/belgique/pourquoi-les-livres-sont-ils-plus-chers-en-belgique/article-normal-393393.html
(5) http://www.lettresetlivre.cfwb.be/index.php?id=sgll_missions
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