Pierre Pestieau
L’Andalousie et la ville d’Alexandrie
ont connu pendant un certain temps une remarquable “convivence” entre les communautés
qui les peuplaient: les juifs, les chrétiens et les musulmans. Cet âge d’or de
la tolérance et du respect mutuel, nous le regrettons. Nous vivons aujourd’hui dans
des sociétés de défiance et d’intolérance. Les Espagnols ont utilisés le mot
“convivienca” pour designer cette belle entente dans une Andalousie heureuse,
où savants juifs, chrétiens et musulmans devisaient paisiblement, ou des gens
de confessions différentes se côtoyaient harmonieusement.
Cette partie méridionale de l’Espagne
aurait été au Moyen Age le lieu par excellence d’un métissage heureux. Là
aurait existé une Espagne des trois cultures où les monothéismes seraient
parvenus à coexister en bonne intelligence, voire à entretenir une féconde
collaboration. Un modèle pour notre présent.
Parlant de présent, j’ai eu la chance
de passer deux semaines sur l’Ile Maurice et j’ai été impressionnée par cette île
dans laquelle les communautés indoues, musulmanes et chrétiennes coexistent en
parfaite harmonie. A quoi attribuer cette entente qui contraste avec ce qui se
passe dans la plupart des autres pays africains ? Sans nul doute à une
situation économique favorable. L’Ile Maurice possède des institutions solides qui sont essentielles
pour assurer la compétitivité, la résilience économique et la stabilité globale
du pays. Maurice est le pays qui a l’Indice de
Développement le plus élevé des pays africains. Le taux d’emploi y est élevé et
on y trouve une protection sociale inexistante ailleurs dans le continent.
Cette situation combinée avec un excellent climat et des plages interminables
explique le succès du tourisme qui, avec la canne a sucre, est une des sources
majeures de revenu de l’île.
A Maurice, la religion est en majorité hindoue et tamoule (48 %),
chrétienne (30 %) puis musulmane (environ
17 %). Le pays a, semble-t-il, bien digéré son
colonialisme. Les Français y ont laissé une trace visible et un bon souvenir.
Les Britanniques, qui ont évincé assez pacifiquement les Français trop occupés
par les guerres napoléoniennes, ont importé leur mode institutionnel. Cela, jusqu'à l'indépendance en 1968.
Les Mauriciens sont remarquablement trilingues; ils
parlent le créole,
mais aussi très bien le français, et l'anglais.
On peut espérer que ce métissage réussi
continue et fasse tache d’huile sur les pays voisins.
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