mercredi 10 mai 2017

Un île de convivence

Pierre Pestieau

L’Andalousie et la ville d’Alexandrie ont connu pendant un certain temps une remarquable “convivence” entre les communautés qui les peuplaient: les juifs, les chrétiens et les musulmans. Cet âge d’or de la tolérance et du respect mutuel, nous le regrettons. Nous vivons aujourd’hui dans des sociétés de défiance et d’intolérance. Les Espagnols ont utilisés le mot “convivienca” pour designer cette belle entente dans une Andalousie heureuse, où savants juifs, chrétiens et musulmans devisaient paisiblement, ou des gens de confessions différentes se côtoyaient harmonieusement.
Cette partie méridionale de l’Espagne aurait été au Moyen Age le lieu par excellence d’un métissage heureux. Là aurait existé une Espagne des trois cultures où les monothéismes seraient parvenus à coexister en bonne intelligence, voire à entretenir une féconde collaboration. Un modèle pour notre présent.


Parlant de présent, j’ai eu la chance de passer deux semaines sur l’Ile Maurice et j’ai été impressionnée par cette île dans laquelle les communautés indoues, musulmanes et chrétiennes coexistent en parfaite harmonie. A quoi attribuer cette entente qui contraste avec ce qui se passe dans la plupart des autres pays africains ? Sans nul doute à une situation économique favorable. L’Ile Maurice possède des institutions solides qui sont essentielles pour assurer la compétitivité, la résilience économique et la stabilité globale du pays. Maurice est le pays qui a l’Indice de Développement le plus élevé des pays africains. Le taux d’emploi y est élevé et on y trouve une protection sociale inexistante ailleurs dans le continent. Cette situation combinée avec un excellent climat et des plages interminables explique le succès du tourisme qui, avec la canne a sucre, est une des sources majeures de revenu de l’île.

A Maurice, la religion est en majorité hindoue et tamoule  (48 %), chrétienne (30 %) puis musulmane (environ 17 %). Le pays a, semble-t-il, bien digéré son colonialisme. Les Français y ont laissé une trace visible et un bon souvenir. Les Britanniques, qui ont évincé assez pacifiquement les Français trop occupés par les guerres napoléoniennes, ont importé leur mode institutionnel. Cela, jusqu'à l'indépendance en 1968.

Les Mauriciens sont remarquablement trilingues; ils parlent le créole, mais aussi très bien le français, et l'anglais. 


On peut espérer que ce métissage réussi continue et fasse tache d’huile sur les pays voisins.

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