jeudi 23 novembre 2017

Immigrants. On n’en parle plus beaucoup…


Victor Ginsburgh

Mais ne vous inquiétez pas, tout va bien pour eux. Les canots pneumatiques confortables qui viennent de Libye voguent agréablement sur la Méditerranée et sont bien remplis. C’est bien la preuve qu’ils préfèrent venir sur nos rivages enchantés que de se faire vendre lors d’enchères d’esclaves. Pour quelques $400 (1), c’est quand même moins cher que le prix du Leonard de Vinci, qui s’est vendu à $400 millions. Qui va s’en plaindre ?
 
Comme l’écrit Frédéric Boyer (2) : « La vieille question obsédante revient en force, celle de l’enfance de l’humanité, de l’enfance de toute personne. Le ramassage des cadavres s’accélère. Les morts nous appellent à l’aide. La Méditerranée, ma Méditerranée, est un linceul ».

Les Australiens, de bien braves gens auxquels on donne le Bon Dieu sans confession, et qui ont depuis si longtemps cessé de tuer les aborigènes de leur continent, envoient les réfugiés qui essaient d’atteindre leurs côtes vers des îles de la Papouasie Nouvelle Guinée où ont été « aménagés » des camps de détention. Plus de 1.300 détenus sont en plaisance sur l’île de Manus. Le mois dernier, le gouvernement australien a décidé de fermer le camp de vacances. Des centaines de réfugiés ont refusé de quitter le lieu, ce qui a amené les autorités à les priver d’eau, d’électricité (quel luxe), de nourriture et de médicaments. D’ailleurs dit, le premier ministre Malcolm Trumbull, la situation est très bonne : cette politique « un peu dure a été un succès, puisqu’elle a arrêté une partie du trafic illégal » (3).

La photographie représente ce qu’est aujourd’hui une des plages de la petite île de Lesbos : une montagne de gilets de sauvetage abandonnés par les immigrants Afghans, Kurdes, Pakistanais, Somaliens et Syriens en provenance des côtes turques, près du petit village paisible de Skala Sikamineas où un certain Stratis Valiamos, pêcheur âgé de 41 ans, a convaincu les villageois d’aider les dizaines de réfugiés qui débarquent tous les jours (4).

Alors que le premier ministricule d’Israël, Benyamin en personne, pense « qu’il est temps de déporter [quelque 40.000] migrants africains ». Ce monsieur a oublié combien de Juifs ont pu être sauvés en migrant vers des régions moins hostiles (dont les pays africains, ce qui me vaut d’être là aujourd’hui). Celle qu’il administre a par ailleurs expulsé dès 1947 et continue de le faire, des Palestiniens qui habitaient la région bien avant qu’il ne naisse (5). Il est temps qu'il s'expulse lui-même.

(1) Voici la vidéo postée par CNN https://www.youtube.com/watch?v=2S2qtGisT34
(2) Frédéric Boyer, Yeux Noirs, Paris : POL, 2016.
(3)  Damien Cave, Refugees trapped far from home, farther from deliverance, New York Times, November 18, 2017.
(4) Uriel Kon, This tiny fishing village will restore your faith in humanity, Haartez, November 17, 2017.
(5) Jonah Jeremy Bob, Netanyahu : Time to increase deportation of African migrants, The Jerusalem Post, November 19, 2017.

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