Pierre Pestieau
Dans un discours récent, Donald Trump faisait part de tout le mal qu’il
pensait des droits de succession qui, notons-le, ne sont perçus aux Etats Unis qu’au-delà
de 5,49 millions de dollars (10,98 millions pour les couples mariés). Dans son
discours, il a pris l’exemple d’une cultivatrice du Nord Dakota, prénommée
Julie. Il a déclaré : Comme beaucoup
de cultivateurs.trices (1), Julie s'inquiète de cet « impôt sur la
mort » (c’est ainsi que les républicains qualifient les droits de
succession ; en anglais, on parle de death tax) qui l’obligera à mettre
fin à son entreprise familiale et l'empêchera de la transmettre à ses enfants.
C'est une taxe dévastatrice. Julie rassurez vous. Nous n'allons pas permettre que
l'impôt sur la mort ou les droits de succession, peu importe comment vous les
appelez, viennent briser le rêve américain.
De ce côté de
l’Atlantique, en France, nous avons un autre cador de la désinformation, Laurent
Wauquiez qui pourrait devenir le prochain président du parti de droite et peut
être de la République. Ce remarquable individu, bardé de diplômes, serine depuis plusieurs années le même
refrain : Avec l’assistanat, celui qui va travailler,
qui fait son plein d’essence, qui doit organiser la garde des enfants à
domicile quand il fait l’addition à la fin du mois il s’aperçoit qu’il ne
gagne pas plus en allant travailler que celui qui est resté chez lui et a
accumulé les prestations sociales.
ATD Quart Monde a réalisé
des simulations qui montrent que l’écart de revenus entre des foyers percevant
le Revenu de solidarité active (RSA) pour l’un, et l’équivalent d’un Salaire
minimum (Smic) pour l’autre, n’est jamais négligeable (2). D’après les calculs
de l’association, l’écart est supérieur à 650 euros pour un couple avec
deux enfants, il est de 551 euros pour un couple sans enfant, ou de
516 euros pour un parent isolé avec deux enfants. Même quand le couple au
Smic ne bénéficie plus d’aide au transport, il gagne toujours plus que celui au
RSA.
Ce type de clichés et d’idées
reçues est inquiétant. En effet, convaincre ceux qui les prennent pour argent
comptant qu’ils sont fallacieux n’est pas chose aisée.
Cela interpelle les journalistes et les chercheurs. Ils se trouvent devant un
mur avec des réponses du type : « C’est votre avis mais moi j’ai le
mien » (3). Trouver les arguments et les instruments de politique sociale
qui permettent de briser ce mur sont une priorité pour les années à venir.
(1) Comme vous le devinez, un féministe comme Trump est favorable à l’écriture
inclusive.
(3) Les Américains utilisent l’expression “This is my truth – tell me
yours”
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