Pierre
Pestieau
On
entend parfois des affirmations qui sonnent faux. Sur le coup, par facilité ou lassitude,
on n’y fait pas attention et ce n’est qu’après coup que l’on s’en rend compte. Je
me souviens de l’incident du Thalys il y a environ un an. L’intervention d’un
nombre indéterminé de héros, dont des militaires américains, a permis d’éviter
une tragédie. A cette occasion, on a entendu Alain Vidalies, le ministre français
des Transports de l’époque, se dire favorable à des contrôles « aléatoires » même s'ils sont « discriminatoires ». Cette déclaration
a été reprise en boucle sans que je n’entende de réflexion sur la contradiction
des termes. En effet associer aléatoire et discriminatoire relève de l’oxymore.
Si un contrôle est aléatoire, il ne peut être discriminatoire et vice versa.
Depuis lors, cet oxymore s’est régulièrement retrouvé dans la bouche de
ministres de l’intérieur et autres garants de notre sécurité.
A la
fois on comprend pourquoi ce ministre et son entourage ont tenu ce propos
contradictoire. Dans de nombreux domaines le ciblage est efficace mais
politiquement et moralement critiquable. Le ciblage permet de faire des économies
mais dans de nombreux cas il implique une stigmatisation qui n’est pas
admissible. En ajoutant le terme aléatoire, on le rend moins agressif.
Si
l’information était sans coût, si l’on pouvait sans problème identifier les ménages
fortunés, les travailleurs invalides, les terroristes potentiels, les familles
vraiment dans le besoin, les politiques fiscale et sociale seraient facilitées.
Finies les erreurs de type 1 ou 2. Pour rappel, elles se produisent
respectivement lorsque l’on punit un innocent ou que l’on acquitte un coupable,
ou encore lorsque l’on subventionne un faux handicapé ou que l’on dénie toute
aide à une personne réellement handicapée.
Depuis
un an, depuis que l’on m’a placé une prothèse du genou, je suis la victime d’un
ciblage discriminatoire qui me paraît absurde et qui me ferait préférer une sélection
purement aléatoire. Chaque fois que je passe un portique de sécurité dans quel
qu’aéroport que ce soit, je subis une fouille complète de la part d’agents
zélés. Et pas question de leur dire qu’il suffit de passer le détecteur de
métal à la hauteur du genou incriminé. Ils ont reçus des consignes et les
appliquent avec un soin vexatoire.
No es lo mismo tener prótesis en las rodillas que ponerse de rodillas como quieren los aduaneros. Saludos al gran Pierre Pestieau.
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