mercredi 6 décembre 2017

Les petits larcins


Pierre Pestieau

Quelques anecdotes plus ou moins récentes. Il y a quelques jours, une connaissance qui est loin d’être dans le besoin me montrait sa collection de bouteilles de shampoing et savonnettes qu'elle collectait dans les grands hôtels qu'elle fréquentait. Récemment, on me rapportait qu'a l'occasion d'un mariage, certains invités n'hésitaient pas à mettre en poche des poignées de chocolats censés accompagner le café. Je me souviens d’une tante qui lorsqu’elle se trouvait dans un café ramassait les sucres et les godets de lait avec toujours la même sentence, reflet de son époque, « C’est toujours cela que les boches n’auront pas ! ».

Il y a plusieurs décennies, j’avais procédé à une enquête auprès d'étudiants français leur demandant comment ils évaluaient sur l'échelle ‘vol-non vol’ le fait de ne pas payer le métro, de voler dans un grand magasin, de voler le petit commerçant du coin. Pour la majorité, seule la dernière action méritait le qualificatif de vol.

On cite souvent le comportement exemplaire de Charles de Gaulle. Lorsqu'il était Président de la République, il payait lui-même ses factures d'électricité de ses appartements à l'Élysée, ses frais de téléphone personnel, et même les timbres de ses courriers. Il ira jusqu'à refuser la retraite de Chef d'État. J’avais un collègue qui notait tous les appels privés qu’il faisait de son bureau (on ne parlait pas de portable à cette époque).

Il y a quelques années un édile communal de la province du Luxembourg avait du démissioner parce qu’il avait rapporté chez lui quelques crayons et blocs de papiers pour ses enfants. Par ailleurs, d’autres édiles sont toujours en place alors que dans leurs cas les sommes derobées se compteraient en millions.
 
Il est tentant d’être puriste et de n’admettre aucun vol, si bénin soit-il. A la manière de Kant pour qui il n’y avait aucun mensonge admissible. A la question : « L’hôte doit-il mentir à l’assassin venu tuer son ami afin de sauver la vie de ce dernier ? » Kant repond que non dans une célèbre controverse avec Benjamin Constant qui lui refuse d’ériger la prohibition du mensonge en principe absolu, sous peine d’armer le bras de l’assassin.

Dans le cas du vol comme dans celui du mensonge, j’aurais tendance à me méfier des puristes et de recommander une solution de bon sens tout en reconnaissant que cela ne règle rien. Dire qu’il ne peut y avoir de petits larcins me sembe trop extrême mais à partir de quel niveau le larcin cesse-t-il d’être petit ?


Cela me rappelle une question que nous nous posions, enfants, lorsqu’il nous fallait distribuer de l’eau bénite aux habitants du village. Combien d’eau ‘normale’ peut-on ajouter à de l’eau bénite pour que celle-ci le reste ?

1 commentaire:

  1. Yo no sé que tan grande sea el larcin, pero hacer conejo es más venturoso que robar poquito. Saludos para el gran Pierre. Bernardo.

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