Victor Ginsburgh
Voici quelques exemples de « grands » personnages que nous devons
tous admirer pour leur pouvoir de mentir en mettant la raison de leur côté.
Mais le ridicule ne tue plus.
A tout seigneur, tout honneur. George W. Bush parlant devant un auditoire de
1.200 personnes en octobre 2013 (2) explique : « Je ne croirai
pas aux intentions pacifiques de l’Iran jusqu’au moment où les Iraniens les
prouveront ». Applaudissements nourris des invités ! Amusant pour
quelqu’un qui avait prouvé qu’il y avait des armes de destruction massive en
Irak.
A cette même occasion, Bush a longuement expliqué que les Etats-Unis
étaient enclins à s’isoler, et qu’il faudrait rappeler à Obama que le pays dont
il est le Président devrait soutenir davantage la paix et la démocratie. Ce
monsieur qui ose utiliser le mot « paix » prête non pas à sourire mais à fourire.
Quelques jours avant la première conférence de Genève entre les six
« grands » de ce monde et Téhéran, le cabinet de sécurité israélien
s’est réuni pour adopter une déclaration expliquant que le programme nucléaire
militaire iranien devait être complètement démantelé (3). C’est intéressant
d’entendre cela de la part d’un pays qui jette un voile discret sur son propre
potentiel de destruction nucléaire.
En outre, dit la déclaration israélienne, il faut obliger l’Iran à s’aligner
sur les exigences des résolutions du Conseil de Sécurité. C’est montrer pas mal
de culot (chutzpah, dit-on en Yiddish
et en Hébreu) pour un pays qui ne s’est soumis à aucune résolution du Conseil
de sécurité ou de l’Assemblée Générale qui ne l’arrangeait pas, et il y en a eu
pas mal entre 1947 et aujourd’hui (4).
Et que seul le maintien de sanctions permettrait de faire avancer une
solution diplomatique. Tiens, le mot « sanction » existe-t-il dans le
vocabulaire israélien ? Oserai-je rappeler qu’il y a quelque chose qui
existe en effet et qui s’appelle le mouvement « Boycott, Divestment and
Sanctions » qu’Israël considère comme un outrage ?
Dans son discours d’acceptation du prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel a dit :
« Nous devons prendre parti. La neutralité vient au secours de
l’oppresseur, jamais de la victime. Le silence encourage celui qui torture,
jamais celui qui est torturé ». Et Netanyahou a choisi comme son verset
préféré de la Bible: « Une nation contre une nation ne lèvera plus l’épée,
et ils n’apprendront plus la guerre » (Isaïe 2:4).
Il y a aussi le clown et ex Vice-Président américain Dick Cheney, qui se rappelle à notre mauvais
souvenir de temps à autre. Ce cher homme explique que l’administration Obama
est « incompétente » dans sa politique au Moyen-Orient et que le
président lui-même a créé « des dommages énormes » à la réputation
des Etats-Unis dans le monde (5). Il vient aussi de se faire transplanter un
nouveau cœur et décrit ce changement comme celui d’une « expérience
spirituelle, qui lui permet de se réveiller chaque matin le sourire aux lèvres,
avec reconnaissance au jour supplémentaire qu’il pensait ne jamais voir ».
En effet, il doit se rappeler que grâce à lui 4.300 soldats américains n’ont
plus jamais vu le jour se lever depuis le « Mission Accomplished » de
Bush le 5 janvier 2003, sans compter les centaines de milliers de blessés (6). Il
a fait débrancher la commande à distance qui lui permettait de régler son
défibrillateur cardiaque par peur qu’un terroriste ne puisse le
« hacker » et, ce faisant, le tuer (7). Oooooh…
(1) Phrase attribuée à Jean-Paul
Sartre.
(2) Chemi Shalev, Bush : I won’t
believe Iran’s peaceful intentions until it actually proves them, Haaretz, October 16, 2013.
(3) Barak Ravid, Iran nuclear talks kick off, Haaretz, October 15, 2013
(4) Voir par exemple
(5) Maureen
Dowd, A dynasty to duck, The New York Times, October 29, 2013
(7) Gina Kolata, Of fact,
fiction and Cheney’s defibrillator, The
New York Times, October 27, 2013
Cher Victor, suite à ton droit de réponse que j'ai lu dans Regards je suis tombé sur les commentaires ci-dessus et ceux de Joël Kotek. La phrase qui m'a le plus frappé c'est la référence à la définition du juif d'après Singer , elle correspond à mon analyse comme je te l'ai déja dit. Amitiés
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