Jacques
Aghion
[Pan sur le bec, comme
le dit très souvent le Canard Enchaîné,
sauf que je n’ai pas de bec. Dans un blog du 6 novembre 2014, que j’avais
malencontreusement intitulé « Trois bonnes idées qui s’avèrent mauvaises »,
j’avais cité un article paru dans le New York
Times suggérant que c’était une mauvaise idée de planter des arbres pour
sauver la planète (2). Faux dit Jacques Aghion, professeur de biochimie à
l’Université de Liège (VG).]
Toute personne
sachant lire sait, actuellement, que notre
atmosphère est faite surtout d’azote,
de l’oxygène et d’un fifrelin de dioxyde de carbone.
Ces mêmes
personnes savent évidemment que, en partie grâce aux activités humaines, la
concentration de CO2 atmosphérique augmente, causant le
réchauffement de l’air dû aux rayons du soleil (infrarouges surtout). Chacun sait également que nous avons,
pauvre aérobies, besoin d’oxygène pour respirer, vivre, contrairement aux
organismes dits anaérobies – surtout certaines bactéries pas toutes pathogènes.
Faut-il enfin
rappeler qu’à la lumière visible du soleil, les plantes vertes et les algues
absorbent du CO2 et de la vapeur d’eau (H2O) et rejettent
de l’oxygène tout en synthétisant des sucres, substances à l’origine de toute
la chimie biologique ? Il a été calculé que 20 à 25 pourcent de notre
oxygène atmosphérique venait ainsi de la forêt amazonienne, faisant de cette
forêt une richesse de l’humanité, un monument à classer parmi les monuments
intouchables, malgré la cupidité
des pétroliers et des lapidaires jaloux de la richesse de son sol en petra
oleum et en pierres précieuses.
Un récent article décrit
des expériences faites aux états-Unis.
Les résultats pourraient en permettre d’accélérer la déforestation en Amazonie
comme ailleurs, ce qui souvent mènerait à la désertification – mais qu’importe
le long terme aux dirigeants, aux financiers, aux pétroliers ?
Nous sommes,
répétons-le, promis à un déficit d’oxygène et à un surcroît de dioxyde de
carbone ; ces deux phénomènes ont des sources largement (mais pas
uniquement) dues aux activités humaines. Une surabondance de CO2
contribuerait largement à un réchauffement de l’air, à un déséquilibre
climatique et météorologique avec
des conséquences prévisibles sur, par exemple, la dispersion des
pathologies, et l’écologie de nombreuses espèces animales comme végétales et
bactériennes.
Pour remédier à
cette évolution, le bon sens suggère que l’on arrête carrément de déboiser les
régions forestières et que l’on ralentisse fortement le fonctionnement des
machines et des industries. C’est impensable dans un monde largement mené par
l’appât du gain ! Alors ?
Alors très
opportunément, il vient d’être découvert – expérimentalement – qu’en présence
de rayonnements ultraviolets (ceux qui nous font bronzer), le CO2 de
la haute atmosphère se décompose. Cela, on le savait, on savait que se
produisait ainsi un mélange assez explosif de CO (monoxyde de carbone) et O
(oxygène atomique). Cet oxygène « simple » si l’on peut dire,
n’existe pas à l’état libre, il se combine instantanément, soit avec un autre
atome d’oxygène ce qui donne O2 que nous respirons, soit avec d’autres
substances.
Mais ce qui vient
d’être décrit c’est une décomposition de CO2 en carbone C et cet
oxygène moléculaire, double en quelque sorte. N’est-ce pas merveilleux –
devrions-nous dire « magique » ? – de pouvoir trouver ainsi que
grâce au soleil, CO2 est détruit et O2 récupéré? On peut
imaginer l’impact de cette découverte sur l’avenir des recherches de minéraux
et de pétrole dans le sous-sol d’Amazonie, surtout si on rapproche cela de
l’article de Nadine Unger (2) commenté dans un « blog » récent :
serions-nous soumis à je ne sais quel groupe de pression (suivez mon
regard) ? Cette opinion, « subversive » semble d’ailleurs
partagée par deux universitaires australiens (3).
(1) Z. Lu et al. (2014), Evidence for direct
molecular oxygen production in CO2 photodissociation, Science,
346,
61-64.
(2) N. Unger (2014), To save the planet don’t
plant trees, The New York Times, 19 septembre 2014.
(3) R. Buckley & F. de Vasconcellos Pegas
(2014), Conserving Brazil’s Atlantic forest, Science, 346, 1193.
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