Pierre Pestieau
Il y a quelques mois, mon petit fils me demandait: Si tu pouvais choisir, préfèrerais tu avoir mon âge ou garder le tien? Il
a dix ans et vit à Washington dans une banlieue confortable. A sa grande
surprise, je lui répondis que je n’échangerais pas mon âge pour le sien. En répondant ainsi je pensais autant aux difficultés que j’ai
pu connaître dans ma jeunesse qu’à celles que les jeunes d’aujourd’hui éprouvent
trop souvent à commencer par la transition d’un cocon familial rassurant au
monde cruel du marché du travail. Ma réponse me fut confortée quelques temps après en lisant une enquête sur le
bonheur selon l’âge. Il en ressortait que les retraités étaient bien plus
heureux que leurs enfants et petits enfants. Surtout les jeunes retraités, ceux
qui échappaient encore aux affres de la dépendance.
La même semaine, je me trouvais avec mes deux petits enfants à Bethesda,
banlieue aisée de Washington. Nous y avions été à vélo pour une distribution
gratuite de glaces par la succursale locale d’Haagen Dasz. Nous avions été plus
rapides que les autres et notre cornet à la main, assis sur l’herbe, nous
regardions la file qui ne cessait de croître. Cette file était on ne peut plus hétérogène.
Jeunes et vieux, petits et grands, gros et minces. En guise de provocation, je
leur dis: Ne trouvez vous pas que le
cornet de glace ainsi offert devrait être d’autant plus gros que le
consommateur est mince. Leur réaction fut immédiate. L’un répondit : Ce serait injuste pour les plus gros.
L’autre : Ce ne serait pas
commercial ; ce sont les gros qui consomment le plus de glace.
Ma petite fille qui a 8 ans a été fortement influencée par une nounou philippine
par ailleurs extrêmement religieuse (catholique). Elle a longtemps cru que la
terre et ses habitants avaient été créés en une semaine (naturellement de 35
heures). De fréquentes visites au Musée de l’Histoire Naturelle de Washington (1)
qui représente sur une longue droite les grands événements de notre
histoire : le bigbang, l’apparition puis la disparition des dinosaures et
beaucoup plus tard, tout à la fin, la naissance de l’homme l’ont amenée à
renoncer au créationnisme. Il est temps que la droite américaine réforme
l’enseignement distillé per ces musées sans dieu et pourtant financés avec
l’argent public.
(1) Le National Museum of Natural History est un musée
administré par la Smithsonian Institution et situé dans le Mall de Washington,
D.C.
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