mercredi 18 octobre 2017

La marque d’Attila

Pierre Pestieau

Je viens de passer une semaine en Hongrie, ou plus précisément à Budapest. Par moments, au cours de ce séjour,  je me déplaçais dans le temps et m’imaginais dans le Berlin des années 30, où touriste je n’aurais rien deviné de ce qui se passait derrière le rideau de la propagande nazie. Récemment, un reportage sur Arte consacré aux jeux de Berlin montrait à quel point et avec quel succès le régime avait réussi à tromper les journalistes les plus avertis sur les horreurs du régime.

Revenant à Budapest, la ville a de nombreux charmes. De belles avenues, le Danube qui la traverse majestueusement, de nombreux palais, théâtres, églises et musées, la pittoresque colline de Buda. La nourriture n’est pas trop mauvaise pour un pays de l’est. Leur foie de canard poêlé aux myrtilles est à recommander. La ville accueille de nombreux visiteurs, jeunes surtout, dont une partie est un produit de Ryanair et autres compagnies low cost. Après tout, un week-end arrosé à Budapest est moins coûteux qu’il ne le serait à Londres.


Le  Hongrie est un pays qui n’a quasiment jamais connu la démocratie. La seule exception est sans doute la décennie qui a suivi la chute du rideau de fer. Elle a connu des régimes autocratiques, nationalistes et xénophobes dont les premières victimes étaient et sont toujours les Roumains, les gitans et les juifs. Dans cette histoire, la période communiste demeure pour certaines de ces minorités plutôt  enviable.

La Hongrie a réussi  le tour de force de se faire passer pour une victime de la seconde guerre mondiale. Elle n’est surement pas la seule. En réalité, elle s’est alliée aux forces de l’axe dès le début de la guerre, collaborant sans vergogne avec les nazis jusqu’au printemps 44. Les Allemands qui voyaient l’armée rouge se rapprocher dangereusement et menacer son approvisionnement en hydrocarbure décidèrent alors d’envahir la Hongrie mais ils le firent en s’appuyant sur les miliciens hongrois appelés les croix fléchées.

Un monument dédié aux victimes hongroises de la guerre vient d’être inauguré à Budapest, au milieu de la place de la liberté. On y voit la sculpture de l’aigle allemand attaquant l’archange Gabriel, symbole des victimes hongroises. Aucune mention de la responsabilité hongroise. Lors de ma visite, j’utilisais le guide de Budapest de la collection ‘Lonely Planet’. On y trouve sur la même page deux affirmations contradictoires sauf pour les Hongrois et les rédacteurs de ce guide. D’abord on lit: Durant l’été 1944, 60% de la population juive hongroise (450.000 hommes, femmes et enfants) est déportée … pour mourir de faim, de maladie ou assassinés. Ensuite, comptabilisant le nombres de victimes, le guide nous dit : Quelques 20.000 soldats hongrois et 25.000 civils de Budapest sont morts.

Pour terminer, signalons la campagne féroce menée par le gouvernement Orban contre le milliardaire américain Georges Soros, juif d’origine hongroise, qui a eu l’audace de critiquer le régime en place. Sur les Abribus de Budapest, on peut lire une série d’affirmations qui lui sont attribuées et qui tournent autour de la thématique classique : parti àde l’étranger, rejet de la culture hongroise, la langue et la religion, idées inspirées par la finance internationale new-yorkaise, etc.… Trump a trouvé en Orban son égal pour ce qui est des fake news. Pour se venger de Soros, le gouvernement veut fermer un centre universitaire qu’il a fondé et qu’il finance, la Central European University, qui est sans doute une de meilleures institutions du genre en l’Europe de l'Est.


Certes on pourrait tenter d’expliquer cela par les occupations successives dont les Hongrois furent victimes par les Ottomans, les Autrichiens, les Allemands et les Russes et par une série douloureuse de pertes de territoires mais comme le disait Primo Levi à propos du nazisme, « cela ne peut être compris et même ne doit pas être compris dans la mesure ou comprendre c’est presque justifier ». Rappelons que les Hongrois descendraient des Huns. Sans doute qu’Attila y a laissé sa trace.

1 commentaire:

  1. Monsieur, en tant que demi hongroise et juive , je trouve votre article choquant, superficiel, non fondé, mal circonstancié, plein d'erreurs historiques et autres. Je serais contente de vous en parler de vive voix, ce serait plus simple . Je vous communique mon n° de telephone par une autre voie.

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