Victor Ginsburgh
l’article publié par le journal de gauche israélien Haaretz qui s’interrogeait dans son titre sur la raison pour
laquelle les choses avaient changé (1) commente ironiquement « La vraie raison », écrit-il, «
est peut-être d’humilier les religieux israéliens qui interdisent à leur épouse
de conduire… ».
Evidemment, le nouveau prince qui succédera au roi doit établir sa renommée
et faire preuve de modernité. La nouvelle disposition va avoir des conséquences
économiques assez sérieuses, dont certaines seront positives, d’autres beaucoup
moins, en particulier pour les étrangers établis en Arabie.
L’Arabie compte quelque 10 millions de femmes âgées de vingt ans et plus,
ce qui ouvrira à plus ou moins long terme un marché conséquent à l’industrie
automobile, aux assurances… et aux garages.
Ces 10 millions de femmes auront donc accès au marché du travail sans devoir
faire appel au chauffeur de famille engagé pour les transporter. Chaque famille
économisera ainsi quelque $500 par mois de salaire versé à ces 1,4 millions de
chauffeurs, souvent étrangers, qui sont aussi logés et nourris, soit près de $10
milliards de revenus en moins pour les étrangers. Ceci les amènera sans doute à
rentrer au pays, et provoquera une perte de revenu pour l’Arabie, et pour leurs
familles auxquelles ils envoyaient une partie de leurs salaires. Des effets
dits « d’équilibre général », qu’il est difficile d’estimer au dos
d’une enveloppe.
Il aurait sans doute été plus simple et utile, mais
moins ostentatoire, de permettre aux femmes de faire les choses suivantes sans
autorisation maritale (2) :
(a) s’habiller comme elles veulent ; le code vestimentaire est soumis à la
Sharia qui oblige les femmes à se vêtir d’une abaya (longue robe foncée) et à se voiler ;
(b) divorcer ;
(c) obtenir, après un divorce, la garde des enfants après un certain âge (7
ans pour les garçons, 9 ans pour les filles) ;
(d) interagir avec des hommes qu’elles ne connaissent pas ; dans les
restaurants, il y a des sections pour hommes et pour femmes lorsqu’elles y
viennent sans être accompagnées ;
(e) se doter d’une carte d’identité ou d’un passeport ;
(f) voyager dans un pays étranger ;
(g) être une responsable officielle du gouvernement ;
(h) interdites dans les piscines où nagent aussi des hommes ;
(i) ouvrir un compte banque (ce qui a d’ailleurs longtemps été le cas en Europe
aussi, ne nous voilons pas trop la
face…) ;
(j) en cas d’héritage, elles ont droit à la moitié seulement de la part de
chacun de leurs cohéritiers masculins ;
(i) travailler. Elles peuvent le faire, mais certains employeurs exigent l’autorisation du
mari ; c’est illégal, mais n’est pas poursuivi par la justice ;
(k) finalement, les prendre au sérieux devant les tribunaux ; aujourd’hui leur
parole vaut la moitié de celle d’un homme (pas très clair comment on mesure
cela).
Arabie heureuse (felix), disaient les Romains du Yemen actuel, précisément le
pays que l’Arabie actuelle n’arrête pas de bombarder. Une chose autrement sérieuse
dont aurait pu se soucier le nouveau prince. Comme de la suppression de la décapitation
d’ailleurs.
(1) The real reason Saudi Arabia will let women drive and it’s not about
women’s rights, Haaretz, September
27, 2017.
(2) Jack Moore, Saudi women can now drive, Newsweek, September 27, 2017
autrement sérieuse......c'st vrai que l'égalité femmes /hommes c'est pour rigoler quand les grands économistes mâles n'ont rien d'autre à dire
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